Maréchal nous voilà !
Terrain de jeu
L’élection de Marion Maréchal-Le Pen, l’unique députée dûment estampillée Front national, est-elle la conséquence d’un pacte entre les socialistes locaux et le parti d’extrême droite ? C’est ce qu’affirme un article récent de L’Express, fort du témoignage de l’ancien premier fédéral PS du Vaucluse, mais ce que nient les dirigeants nationaux et vauclusiens socialistes. Si notre enquête à Carpentras confirme les divisions profondes à gauche, conjuguées à de féroces conflits d’ambitions, elle ne corrobore pas l’existence d’un véritable pacte rose-brun.
Une certitude toutefois : avec ses deux députés, ses deux maires et son conseiller général d’extrême droite, avec des scores électoraux au sommet pour Le Pen, sa fille et sa petite fille, le Vaucluse bat tous les records de l’Hexagone. Il est pourtant d’autres territoires où le chômage, l’insécurité, et le nombre d’immigrés – facteurs censés expliquer les succès du Front national – sont plus élevés. A Carpentras, comme à Orange ou Bollène, c’est l’accumulation de différents facteurs qui finit par être déterminante.
L’extrême droite est historiquement implantée en ces terres autrefois poujadistes. La gauche y est encore plus divisée et désorientée qu’ailleurs. L’UMP s’y radicalise à grande vitesse. Nous sommes ici dans un des berceaux de la « droite populaire ». En reprenant un à un les thèmes du FN, croyant lui couper l’herbe sous le pied, elle légitime au final ses idées. Entre droite extrême et extrême droite, les passerelles se multiplient, brouillant les frontières et rendant difficile dans les urnes un front républicain. Le terrain de jeu rêvé pour que la dernière née du clan Le Pen fasse ses dents…
Michel Gairaud