Lettre aux adhérentes et adhérents de la Tchatche
Chères adhérentes, chers adhérents,
Le président de la Tchatche a été contraint de déposer, mardi 18 novembre, le bilan de l’association au tribunal de grande instance. Lors de notre assemblée générale du 7 novembre, nous avions prévu de nous revoir pour une AG extraordinaire afin de décider de l’avenir de l’association une fois l’ensemble des éléments d’information rassemblés. Mais rapidement, les choses se sont accélérées.
Deux rendez-vous ont précipité ce choix difficile et contraint l’association à cette démarche judiciaire. Dans un premier temps, la banque nous a refusé une avance sur recettes (le fameux « Dailly ») tout en augmentant (légèrement) notre découvert autorisé. Insuffisant toutefois pour nous permettre de passer l’hiver sans congeler. Les rendez-vous avec notre expert-comptable puis notre avocate ont confirmé dans la foulée que la case tribunal était obligatoire. Une alternative s’est alors présentée à nous : demander la liquidation au tribunal ou le redressement. Une réunion mêlant le bureau et l’équipe salariée a évalué les deux scénarios préalablement étudiés par un groupe mixte (bénévoles et salariés). Nous avons collectivement décidé d’opter pour le redressement afin de préserver le journal (dans l’immédiat sous la forme d’un « Ravi de crise ») et les activités d’éducation populaire de l’association. C’est cette option que nous irons défendre mardi 25 novembre dans l’après-midi devant le tribunal de grande instance de Marseille lors d’une audience privée. Le tribunal rendra alors sa décision sous quinze jours.
Si, comme nous le pensons, il valide cette option, nous pourrons accélérer les recherches de financement d’abord auprès des lecteurs actuels ou à venir, puis de nos partenaires habituels (collectivités locales, fondation Abbé Pierre) ou potentiels. Durant cette période qui peut durer un an maximum (6 mois renouvelables une fois), nous serons sous la protection, et le regard, de la justice et devrons régler chaque mois rubis sur l’ongle nos charges (salaires, dessinateurs, imprimeur, charges sociales, etc.) Elle peut aussi décider d’écourter la période de redressement pour demander une liquidation si les pistes de remise sur pied lui paraissent trop aléatoires.
Dès à présent, cela implique des choix radicaux. Des départs sont inévitables. L’équipe sera considérablement réduite (elle passera de 5,5 à 3 équivalents temps plein en incluant les piges) pour continuer à réaliser le journal (sous une forme à définir), les ateliers de journalisme participatif et des prestations.
Le redressement n’a pourtant pas que des désavantages. Tant qu’il dure, les dettes sont suspendues, grosses comme petites (ce qui peut poser problème avec certains prestataires amis). Ce temps doit nous permettre d’établir un plan crédible de pérennisation et de solidification financière de l’association. C’est aussi l’occasion de nous réinventer, de bousculer les formats existants, de séduire de nouveaux lecteurs animés d’une même conviction : il faut que vive dans cette région une presse d’enquête et de satire, citoyenne, bref « pas pareille ».
Mais cela ne pourra se faire que par un investissement accru des bénévoles. D’ores et déjà, dans ces moments difficiles, la mobilisation s’organise : plusieurs personnes ont accepté d’apporter bénévolement leur compétence pour nous aider dans l’immédiat comme à l’avenir. Elle doit encore s’amplifier avec vous pour passer ce cap. C’est pourquoi nous organiserons une assemblée générale extraordinaire entre la décision du tribunal et Noël afin, croisons les doigts, d’imaginer la suite ensemble.
Un Ravi ne baisse pas les bras. Il continue de tchatcher.
A bientôt ! Les administrateurs et les salariés de la Tchatche