Les Roms, éternels boucs émissaires…
Les délires médiatiques sur les Roms se multiplient, alimentés par les propos mensongers et xénophobes d’élus, de droite comme de gauche, avec la complicité du ministre de l’Intérieur et le silence des partis politiques. Le Front National en a fait un thème de campagne électorale. Dans la région seul le maire PCF de Gardanne, Roger Meï, a su avec courage et dignité accueillir quelques familles Roms roumaines.
Le candidat marseillais Christophe Masse à la primaire PS n’a pas hésité à affirmer que « ces gens-là ne peuvent pas s’intégrer, je ne dis pas "ne veulent pas", ils peuvent pas parce que ce n’est pas dans leur nature. » Dans le même élan, Didier Réault, adjoint au maire UMP, de Marseille ou encore Karim Zeribi candidat désigné par EELV, ne faisaient que rejoindre les propos largement répandus dans l’opinion publique. 77 % de nos concitoyens seraient d’accord avec de tels propos et approuveraient la politique du retour au pays. Il y aurait en donc 23 % d’un avis contraire ? Ce serait là enfin une bonne nouvelle ! Vive les sondages !
On est en droit de s’inquiéter de l’état d’une société qui focalise une telle attention souvent douteuse sur quelques centaines de familles rejetées de leur pays par la misère et la xénophobie. Le gouvernement par une attitude pour le moins ambiguë contribue à semer la confusion entre les Roms et Tsiganes français.
L’association Rencontres Tsiganes qui, depuis plus de dix ans a créé des liens étroits avec les diverses communautés de Roms/Tsiganes présentes dans la région, met son expérience et les moyens de son Centre de Ressources et de Documentation à leur disposition. N’hésitons pas non plus à faire part de bonnes nouvelles : le programme sur la culture Roms/Tsigane proposé par Marseille Capitale Européenne de la culture permet à chacun de s’informer et de se distraire à cent lieues des diatribes et des stéréotypes.
Tout citoyen qui refuse de hurler avec les loups et qui s’interroge sur la situation de ces familles, leur histoire, leurs conditions de vie, leurs souhaits, peut ainsi disposer de moyens d’information facilement accessibles pour lutter contre l’obscurantisme. Il pourra en particulier mettre en cause l’insupportable amalgame affiché par Nicolas Sarkozy en août 2010 à Grenoble. Dans un même rejet, ce dernier a assimilé quelques milliers de familles déshéritées originaires de l’Est de l’Europe, de culture rom, présentes en France depuis quelques années et près de 500 000 citoyens français désignés sous le terme abusif de « gens du voyage » alors que les trois quarts d’entre eux ne voyagent pas ou plus. Si, des liens historiques et culturels subsistent entre ces deux groupes, ils ne peuvent être traités selon les mêmes procédures réductrices.
Citons les propos tenus par le représentant de l’UFAT (Union Française des Associations Tsiganes ) : « En refusant d’être amalgamés avec les Roms migrants, les Français itinérants ne veulent pas non plus être opposés avec eux. Mais il faut que nos problèmes spécifiques soient pris en compte dans le cadre du droit commun. Les habitants de bidonvilles quelles que soient leurs origines doivent avoir accès au travail et au logement. Nous devons nous aussi voir nos caravanes considérées comme des logements et voir notre mode de vie accepté et rendu possible. »
Pour notre part nous, Gadjé, ne cesserons de considérer que ces hommes et ces femmes, au-delà de leur histoire, de leur statut, et de leurs pérégrinations à travers le monde constituent une part de notre humanité dont la culture doit être sauvegardée.
Alain Fourest
Pour en savoir plus : www.rencontrestsiganes.asso.fr et crd.rencontrestsiganes@gmail.com