Marc Vuillemot veut rester en Seyne
« Parce qu’elle a deux pôles, la balnéarité et les chantiers, La Seyne donne toujours l’impression d’être une ville [gagnable]. » Conseillère départementale LR, élue municipale depuis 1995 et candidate « majorité départementale » dans la deuxième ville du Var, Nathalie Bicais peut en témoigner : alors qu’elle a le soutien des présidents du Département et de la Région, qu’elle rassemble derrière elle du centre à Debout La France et les quatre têtes de listes de droite de 2014, cette architecte de 54 ans n’a pas obtenu l’investiture de son parti. Qui n’a pas voulu trancher avec les trois autres candidats de son camp…
Mais à La Seyne-sur-Mer les joies de la division ne valent pas qu’à droite. C’est aussi le cas à gauche. « Comme en 2001, 2008 et 2014 », philosophe Marc Vuillemot, le maire depuis douze ans (ex-PS, aujourd’hui Gauche républicaine et socialiste). Face à lui, à sa célèbre moustache et à sa majorité très plurielle (du PCF à la REM), s’est lancée une liste écolo et citoyenne. Soutenue par Denise Reverdito, son adjointe EELV à l’urbanisme, elle est portée par Luc Patentreger, un médecin généraliste et ancien Verts, candidat sur la liste du communiste Maurice Paul en 1995 puis contre lui en 2001. Une démarche qui fait de l’écologie « la matrice du programme » et propose une « coconstruction des politiques municipales avec les citoyens ».
Mais une démarche qui « laisse perplexe » Philippe Chesneau, un pilier des écolos du Var presque rangé des voitures. « C’est mortifère, commente l’ancien vice-président de Michel Vauzelle au Conseil régional. Pour qu’il y ait un espoir au second tour, il faudra qu’ils se parlent et c’est mieux s’ils le font maintenant. » « On recherche l’engouement citoyen, mais chez Patentreger, au lieu de la citoyenneté revendiquée, on n’a trouvé que des copains et des amis réunis par la haine de Vuillemot », note Laurent Richard, animateur des Insoumis locaux, qui assure n’avoir pas trouvé plus d’intérêt chez le maire. Résultat, face « à un FN fort », LFI ne présente pas de liste et ne soutien personne. Mais fera campagne, « en particulier sur la métropole« .
Guerre de logo
Car si La Seyne est à gauche, c’est pourtant le RN qui y est aujourd’hui largement majoritaire, avec des scores qui dépassent les 30 %. Surtout, si son jeune candidat a été parachuté de Fréjus et doit faire sans troupes – qui ont été confisquées par le secrétaire départemental du parti d’extrême droite pour sa campagne à Six-Fours-les-Plages -, en 2015 l’ex-FN a cassé un plafond de verre (1). Il a élu deux conseillers départementaux en duel (2).
Malgré la pression de l’extrême droite, et même s’il reconnaît qu’il « y a une liste de trop », Luc Patentreger ne paraît cependant pas prêt à franchir la « porte [toujours] ouverte » de Marc Vuillemot. Le toubib écologiste serait même du genre à la claquer ! Ce dernier reproche notamment au sortant de ne pas avoir tenu sa promesse de ne faire que deux mandats et de chercher à récupérer le logo d’EELV et l’électorat écolo. Le maire a en effet choisi comme binôme et future première adjointe une adhérente d’Europe Ecologie – de longue date selon lui, très récente selon son adversaire -, qui est aussi… sa directrice de cabinet ! Et Patentreger de tirer à boulets rouges sur le bilan de Vuillemot : centre ville à l’abandon, urbanisation à outrance, manque de projet…
Réponse du maire sortant, qui promet lui aussi un projet très écolo : « Quand on a un endettement de 150 millions d’euros sur 99 ans, on ne peut pas se lancer dans de grands projets structurants ! » Et de rappeler des « surfaces urbanisables réduites de 65 % et une place réservée aux espaces verts et agricoles supérieure de 20 % » depuis son premier mandat. Marc Vuillemot rappelle qu’il a dû attendre dix ans avant que l’État ne débloque les financements pour la rénovation du centre ancien. A sa décharge, il doit aussi composer avec une majorité fragile et une situation compliquée à la métropole, dirigée par Hubert Falco, le maire LR de Toulon, où Vuillemot est le seul maire de gauche.
« Il est sympa, mais il ne fait pas le job », tacle la LR Nathalie Bicais. Elle, se « voit bien placée » : « beaucoup de monde aux réunions publiques », « un fichier de 3 600 sympathisants », de nombreux soutiens. Et semble rêver pouvoir refaire le coup de 2001, quand le docteur Paech avait ravi la ville dans une triangulaire face à une gauche éparpillée. Mais à l’époque, le FN n’était ni le premier parti de la ville, ni le troisième larron.
1. Dorian Munoz n’a pas répondu aux sollicitations du Ravi.
2. Les deux ne font plus parti du RN.