Les Faucheurs de chaises contre l’évasion fiscale
Le collectif des Faucheurs de chaises (composé d’Attac, les Amis de la Terre, ANV-COP 21 et Bizi !) mène depuis 2015 une campagne de désobéissance civile pour dénoncer le rôle des banques dans l’industrie de l’évasion fiscale. L’évasion fiscale se fait à une telle échelle que cela s’apparente à un vol en bande organisée : de 60 à 80 milliards d’euros manquent chaque année dans les caisses de l’État français, des sommes comparables au montant du déficit public !
En 2015, 40 actions de réquisitions de chaises avaient eu lieu dans les banques les plus impliquées dans l’organisation de ce pillage social (BNP Paribas, HSBC, Société générale, Crédit Agricole), notamment à Marseille, Aix et Carpentras. Des personnalités aussi dangereuses qu’Edgar Morin, Susan George, Claude Alphandéry ou Robert Guediguian avaient déclaré receler une de ces chaises. Pendant la COP 21, un « sommet des 196 chaises » a permis à la société civile d’affirmer que l’argent pour le climat existe et qu’il est dans les paradis fiscaux. Puis les chaises ont été remises à la justice le jour de l’ouverture du procès de Jérôme Cahuzac, le 8 février 2016, clôturant ainsi la « saison 1 » des Faucheurs.
Nous avons obtenu de BNP-Paribas qu’elle ferme ses filiales dans les Iles Caïman. Mais elle est toujours la banque française la plus implantée dans les paradis fiscaux. En outre, c’est suite à une plainte déposée par cette banque qu’un Faucheur de chaises est poursuivi pour « vol en réunion » et est passé en procès à Dax le 9 janvier 2017. Ce jour-là nous avons été des centaines à affirmer que ce ne sont ni les lanceurs d’alerte, ni les Faucheurs de chaises qu’il faut juger, c’est l’évasion fiscale en bande organisée. (Ndlr Jon Palais, le faucheur de chaise, a été relaxé en janvier 2017 à l’issue du procès à Dax).
Pour mobiliser en vue de ce procès, les Faucheurs de chaises se sont donc engagés dans une 2ème saison qui a déjà donné lieu, depuis novembre 2016, à plus de 70 actions d’occupation partout en France sous le mot d’ordre « Faisons le siège de la BNP ! ».
C’est ainsi que le 8 novembre à 15h30, 60 Faucheurs de chaises envahissent l’agence de la rue Saint-Férréol à Marseille. Les « médiateurs » expliquent l’objet de notre venue et le caractère non-violent de l’action. « Y a d’autres banques, y a d’autres agences, ça fait deux fois que vous venez ici, stop, stop » râle le directeur de l’agence. Les Faucheurs répondent en chœur : « Stop stop stop à l’évasion fiscale ». Une « assemblée citoyenne contre l’évasion fiscale » se met en place, avec un faux patron de la BNP en accusation, pendant que des militant.e.s distribuent des billets de 60 milliards aux passants et donnent RDV le 9 janvier à Dax (Aquitaine).
Cette action d’occupation s’est reproduite à Aix le 18 novembre. L’agence du cours Mirabeau, au luxe indécent, est ciblée parce qu’il s’agit d’une agence de banque privée, spécialisée dans la « gestion de patrimoine d’une clientèle d’entrepreneurs et de particuliers fortunés » et est, de ce fait, particulièrement impliquée dans l’évasion fiscale. Cette agence propose même dans sa brochure d’opacifier ses vitres à la demande des clients ! Les Faucheurs de chaises y boivent le champagne en vantant les mérites de « la banque d’un monde qui triche ».
Puis, les 9 et 10 décembre, partout en France, des dizaines d’agences BNP sont contraintes de fermer pour cause d’évasion fiscale ! A Marseille, l’action est cette fois-ci annoncée à l’avance, obligeant la banque et la police à fermer préventivement l’agence ; tandis qu’à Gap 20 Faucheurs de chaises mettent en scène le mariage de Mme l’institution bancaire et de M. Paradis Fiscal. A suivre…
Raphäel Pradeau – militant d’Attac (Marseille) et faucheur de chaises