Les aventures d’Estrosi, super résistant
Avant, Estrosi, c’était le « motodidacte ». Aujourd’hui, c’est « Super-résistant ». Pour commémorer le 18 juin, le président LR a choisi l’Isle-sur-la-Sorgue, la ville de René Char, dans le Vaucluse, le « fief » de Marion Maréchal (nous voilà)-Le Pen, leader de l’opposition d’extrême droite.
« Gaulliste social tendance souverainiste », comme il s’est défini lors de la dernière plénière, il avait promis à la gauche, en échange de son retrait, quelques places avec la « conférence régionale consultative ». Mais pour l’heure, elle fait tapisserie : « Non seulement, cette instance a été installée après le vote du budget, grince un de ses membres. Mais, en plus, il y a tout le monde – la gauche, la droite, la société civile, des religieux… – et surtout, on va se retrouver non par famille politique mais par thématique. On en est donc encore à discuter fonctionnement. Si on laissait Estrosi faire, il n’y aurait que deux réunions par an. Et si on a des bureaux, on n’a pas accès à tous les documents. On va voir comment ça se passe. Mais si c’est une coquille vide, on ne restera pas. »
Face au FN aussi, le certificat de résistance sent celui de complaisance. En témoigne le recrutement de l’ex-frontiste Romain Cardulli pour épauler la chroniqueuse à Valeurs Actuelles Maud Fontenoy. Ou le soutien à Nice, pour baptiser une rue « Charles Pasqua », de Gaël Nofri qui, après être passé par le RPF, Debout la France et le RBM (jouant même les « twittos » pour Jean-Marie Le Pen), demande à rejoindre la majorité.
Alors, quand on demande au conseiller régional d’extrême droite niçois Philippe Vardon (FN) comment ça se passe à la Région, il ne peut s’empêcher de sourire : « Dans les différentes instances, en terme de représentation, on n’a droit qu’au minimum et l’on a été exclus de la conférence permanente sur la culture. Mais dans les couloirs, on a des échanges normaux. Le plus surprenant, ce sont ces élus d’ordinaire courtois qui, dès qu’Estrosi ou son cabinet surgissent, nous tournent le dos. »
Ce qui n’empêche pas l’ex-UMP et désormais frontiste Olivier Bettati de lancer à Renaud Muselier dans les couloirs de la Région : « Comment va ta hanche ? » Muselier, pris sur le fait : « Olivier est un vieil ami que je ne désespère pas de faire revenir vers sa famille. » Quant à Vardon, lui officie dans une instance présidée par Estrosi, la régie culturelle : « Vu son agenda, on a du mal à se réunir. On arrive quand même à travailler ensemble. Et même parfois à être d’accord. Comme sur la promotion des identités locales. Pas sûr qu’il assumerait cela dans l’hémicycle. »
De fait, les tensions demeurent. Lors de la dernière plénière, après des échanges musclés, la séance s’est interrompue sur un coup d’humeur des frontistes quittant l’hémicycle privant l’assemblée du quorum. Pourtant avant cet esclandre, Estrosi avait veillé, parfois avec succès, à trouver des terrains d’entente sur l’économie, la culture… Mais, dans « Papy fait de la résistance », après tout, « Super-résistant » parlait très bien allemand !
Sébastien Boistel
Enquête publiée dans le Ravi n°142, daté juillet-août 2015