Les apprentis sorciers de la droite (populaire)
Le 14 juillet 2010, ils ont juré de défendre le travail, la sécurité, l’autorité et notre belle bannière tricolore en se drapant du discours sarkozyste de 2007. 42 députés du collectif « Droite populaire » (35 dès juillet 2010, rejoints par 7 nouveaux en décembre 2010) incarnent désormais l’aile la plus dure de l’UMP (1). Très critiques envers le gouvernement cet été, ces ultras sont désormais crédibles auprès de l’Élysée, puisque le Président s’est engagé, depuis le 9 septembre 2010, à les recevoir tous les deux mois. Au sein du collectif, notre région compte à elle seule 14 de ces députés (2). Pourquoi ?
Lionel Royer-Perreaut, directeur de cabinet de Guy Tessier, député maire UMP de Marseille, amorce une réponse : « Nous sommes de la même famille politique, mais la droite de l’Ouest est portée par la démocratie chrétienne humaniste, tandis que la droite de l’Est est… plus musclée ». Guy Tessier, qui a débuté sa carrière politique à l’extrême-droite n’a pourtant pas rejoint le nouveau collectif. Royer-Perreaut : « Nous n’avons aucune raison de condamner Droite Populaire. Mais nous n’avons pas besoin de brevet de droititude. Nous sommes de droite et n’avons pas à en rougir. C’est parce que nous avons abandonné nos valeurs que le FN a pu prospérer. Il ne s’est pas développé de nos forces, mais de nos faiblesses. »
« Pour la reconquête des territoires perdus avec des blindés ! »
Désormais, les deux leaders de la droite populaire, les parlementaires Thierry Mariani (83) et Lionel Luca (06), n’hésitent plus à briser « les tabous du politiquement correct », en accordant des interviews… à l’hebdomadaire d’extrême droite Minute. Thierry Mariani y fustige le « clandestin malveillant et malin » ou les « menus hallal de l’équipe de France » (N°2476, septembre 2010) (3). Lionel Luca, la semaine suivante, s’insurge contre « le racisme anti-blanc », proclame que « ce qui est étonnant, c’est de s’arrêter aux Roms ! », « que ceux qui n’apprécient pas les Français retournent dans leur pays ! ». Avant de conclure : « Je suis favorable à la reconquête des territoires perdus avec des véhicules blindés » (N°2476, septembre 2010).
Un discours ultra protéiné et lepénisé, dont la volonté proclamée est d’agir en contre-feu au FN. Au risque de créer l’incendie ? Rachel Roussel, coordinatrice régionale de Debout La République, le parti de Nicolas Dupont-Aignant, n’en est pas effrayée : « J’ai lu la charte de Droite populaire, ce sont des gens dont nous sommes assez proches ». Et le Front National ? « La question des alliances ne se pose pas pour l’instant. Mais Marine Le Pen dit des vérités. »
Bernard Reynès, député maire UMP de Chateaurenard (13) n’a pas adhéré dès sa création à Droite Populaire mais ne la contredit pas (il l’a rejoint en décembre 2010 après la publication de la 1er version de cet article). « La démarche de Droite Populaire, je l’entends comme un retour aux fondamentaux et il ne doit pas y avoir de confusion entre UMP et FN, souligne-t-il. Le FN doit se débarrasser de certaines déviances inacceptables. Si le FN évolue, s’il est plus en adéquation avec les valeurs de la République, ce sera alors au FN de se rapprocher. Mais les négociations sur le tapis vert, les politiques y perdent leurs âmes ». L’UMP a-t-elle déjà perdu la sienne en Paca ?
Suite aux propos stigmatisant les immigrés et les minorités tenus par certains cadres du parti, l’adjoint à la mairie de Marseille Mourad Goual a démissionné de l’UMP ainsi que de son mandat. Il a déjà déposé plainte contre Roland Chassain, maire UMP des Saintes-Maries-de-la-Mer (13). « On m’a dit « soit tu te tais, soit tu t’en vas ». Je suis parti. » Dans une lettre adressée au Président, il écrit : « Je renonce à servir la République d’un despote et les idées d’un parti fascisant ». La droite « Populaire » ne semble pas l’être pour tout le monde…
Jean-Baptiste Malet