le Ravi à voix haute !
« J’aime bien votre ton et votre esprit indépendant. Il faut soutenir la presse indépendante et libre ! Je suis abonné depuis plusieurs années et je lis et enregistre le Ravi tous les mois pour un ami aveugle qui dit lui-même que : "Depuis que les aveugles sont des non-voyants, ils y voient beaucoup mieux !" » Francis Sarda est abonné au Ravi depuis le numéro 80 et a répondu à notre questionnaire en ligne. C’est en lisant son témoignage que nous avons décidé de lui consacrer cette rubrique.
Francis nous a envoyé en MP3 sa lecture du Ravi n°144 et là, on a vraiment compris l’ampleur de la tâche ! Chaque article correspond à une plage de lecture, et chaque dessin est décrit. Un travail titanesque que Francis, à la retraite, prend plaisir à faire depuis le numéro 135. Il est ce que l’on appelle « un donneur de voix », une activité bénévole qu’il exerce depuis 30 ans, notamment à la bibliothèque sonore de Salon-de-Provence (13). « Pour certaines personnes, même tenir un livre est compliqué. L’enregistrement en MP3 permet à celui qui écoute de reprendre la lecture où il l’a laissée », explique notre abonné.
L’idée de lire le Ravi est né de sa rencontre avec Charles Hann, abonné également et malvoyant, fréquentant la même bibliothèque. Lecteur du Canard Enchaîné, il voulait que Francis lui lise Charlie Hebdo – « trop fastidieux » – ils se mettent d’accord sur le Ravi que Charles lit aussi à la loupe, « mais cela me prenait un temps fou ! ». Désormais il se régale car « Francis à la voix pour ça ». La lecture à haute voix est plus lente et s’il est facile et agréable de lire des romans, ou de la poésie, « pour les journaux ce n’est pas terrible », note Francis.
Les articles de certains journalistes seraient plus difficiles à lire que d’autres, mais là où ça devient compliqué c’est quand la syntaxe pêche. « Bon rassurez-vous, vous ne ferez jamais pire que La Provence ! », nous déculpabilise Francis. Charles, qui préfère les articles politiques, continue à lire la version papier avec sa loupe : « Mais les aplats de couleur en fond rendent la lecture très difficile. De même, s’il vous était possible d’écrire plus gros ! » Et de lui expliquer que, sur ce dernier point, il risque de devoir se battre avec les journalistes qui veulent mettre toujours plus de texte dans une page. Autour du Ravi est donc née une belle histoire d’amitié ! (1) Et comme il paraît qu’on a les lecteurs qu’on mérite, nous sommes définitivement ravis !
Samantha Rouchard
Francis Sarda propose de mettre gratuitement ses enregistrements à disposition d’autres lecteurs qui, comme Charles, en auraient l’envie. Pour le contacter : redaction@leravi.org