Le Provensol pour une alternative monétaire
La monnaie est un instrument de domination internationale, maniée par les puissants qui organisent sa rareté pour lui donner de la valeur : d’où la nécessité de monnaies complémentaires locales afin de redynamiser les économies de proximité. C’est la thèse du très documenté film allemand, traduit en français sous le titre Devises trompeuses. L’association arlésienne journArles, déjà remarquée pour sa série de fascicules « la face cachée de la monnaie », s’est chargée des sous-titres. Et c’est elle qui en fait la promotion aujourd’hui.
JournArles s’apprête aussi à porter un projet de monnaie complémentaire régionale, nommée Provensol. L’objectif est de faire adhérer un minimum de 25 000 personnes, entreprises et collectivités, autour de cette monnaie, dont les échanges se feront par téléphone portable – le succès des monnaies alternatives requérant une base solide pour fonctionner. « C’est une monnaie fondante, c’est-à-dire qu’elle perd de la valeur si on l’épargne. Le but est de stimuler les échanges locaux et de permettre par exemple de payer une partie des dépenses publiques, comme la cantine scolaire, en Provensol », explique Hannes Limmler, l’un des animateurs de journArles. Des conférences-débat sont lancées ce moi-ci pour promouvoir le Provensol.
Reste à savoir si l’institution politique régionale ou d’autres collectivités la soutiendra comme peut l’être le Sol à Toulouse. Car les pouvoirs publics sont un levier de développement considérable pour la circulation de ce type de monnaies. Un rapport du Ceser (Conseil économique, social et environnemental régional, censé conseiller la présidence du Conseil régional), daté d’octobre 2013, s’est prononcé pour l’expérimentation de ce type d’alternatives. Un autre rapport, de la Région cette fois-ci, précisait en avril 2014 le mode opératoire pour en lancer une cette année. Depuis, plus rien.
« Croyez-vous que les rapports du Ceser sont suivis d’effets ? », rigole Philippe Chesneau, conseiller régional écologiste du Var. L’élu juge primordial que le Conseil régional prenne le taureau par les cornes : « On pourrait imaginer que les prestations sociales ou les aides de l’institution soient en partie versées en monnaie complémentaire avec un circuit d’échange fléché, privilégiant le local. On ne pourrait pas aller manger au MacDo ! C’est un vrai choix politique mais il s’inscrirait dans un discours plus large, nécessaire si on ne veut pas voir le pire arriver en 2015, c’est-à-dire le FN… »
Clément Chassot
Plus d’informations sur www.journarles.org