Le pire, le meilleur et le meilleur du pire de nos 42 députés
Les bons élèves
Eric Ciotti (Les Républicains 06), Jean-Marc Zulesi (La République en marche ! 13), Pierre Dharréville (Gauche démocrate et républicaine (communistes et ultramarins) 13) et Joël Giraud (LREM 05) est le quatuor masculin qui se détache (1). Ils font partie de ceux qui ont le plus ciré les bancs de l’assemblée. Bon petit soldat, Eric Ciotti est le député régional comptant le plus de semaines d’activité : 37. Seuls sept élus au niveau national font mieux. Mêmes si ce temps de présence est dédié à sa lubie : l’immigration (voir plus bas). Le bizu’ Zulesi se distingue lui par sa forte présence en commission, Dharréville par le nombre de ses amendements déposés : 321 (10 ont été adoptés). Seul le rapporteur général de la commission des finances Joël Giraud, député depuis 16 ans, fait mieux avec 470 amendements (413 adoptés). Il est aussi recordman national d’interventions en commissions : 1023.
Le plus paresseux
La logique est implacable : le plus vieux député est aussi celui qui roupille le plus. Pas sur ses voisins mais carrément dans sa circonscription. Bernard Brochand (LR), 80 ans, doyen de l’assemblée et député de Cannes (06,) est de loin le plus tire-au-flanc. Il ne compte que neuf semaines de présence (seul un député fait mieux) et n’a pointé le bout de son nez en commission qu’à dix reprises. Aucun amendement proposé, ni rapport déposé, il a tout de même trouvé le temps de déposer trois propositions de loi. Dont une visant la prévention de la mort subite et la création d’une journée dédiée… à la « mort subite » ! Inquiet le Brochand ? Ses collègues LR Michèle Tabarot (06), Bernard Reynès (13) et Guy Tessier (13) sont également en queue de peloton.
Les plus frondeurs mais pas trop
Première ligne de fracture au sein de la majorité : la loi Asile et immigration, votée en première lecture le 22 avril dernier. Sur les 197 députés LREM, un député a voté contre, 14 se sont abstenus. La députée des Alpes-de-Haute-Provence, Delphine Bagarry, fait partie de ceux-là. L’ancienne socialiste regrette « les reculs sur les droits des demandeurs d’asile notamment en matière de recours, des mesures de privation de liberté qui ont été durcies… ». Elle partage tout de même « les orientations politiques générales [du gouvernement, Ndlr] » et souhaite « continuer à porter une parole constructive » (2). Mais son statut, en Paca, d’électron libre de la macronie est sérieusement disputé par François-Michel Lambert, le député LREM des Bouches-du-Rhône. L’écologiste, également l’un des 14 marcheurs ayant choisi l’abstention, multiplie les coups de gueule médiatiques. Son nom figure même parmi les députés qui pourraient rejoindre un nouveau groupe indépendant.
Le plus facho
S’en est devenu une habitude, Eric Ciotti est obsédé par l’immigration. Il prône la détention préventive des fichés S, qualifie Cédric Herrou de passeur… Sa lubie se vérifie dans ses travaux parlementaires. Il a dernièrement déposé une proposition de loi visant « à créer un délit d’incitation à la haine de la France et à éloigner du territoire les étrangers qui s’en seraient rendus coupables » entre deux autres « relatives à l’immigration ». Lors des débats sur la loi asile, il a déposé un amendement pour que l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) puisse « retirer » le statut de réfugié lorsque la personne est soupçonnée de radicalisation. Au cas où on n’aurait pas encore compris…
La plus girouette
La petite protégée de Christian Estrosi, Marie Brenier, 31 ans, a pris la suite de son mentor politique devenu Macron compatible. Au lendemain de son élection, elle a rejoint le groupe des Constructifs, composé de centristes et de LR en marche, tout en gardant sa carte au parti. En pleine guéguerre Ciotti-Estrosi (lire ci-contre en page 10), elle est finalement rentrée au bercail en janvier. Elle a depuis été nommée à la commission des investitures du parti présidée par… Eric Ciotti.
Le plus acteur studio
Les députés jouent très bien la comédie. Le député LREM d’Avignon (84) Jean-François Césarini le prouve. Il s’est d’abord fait remarquer en début d’année suite à une apparition dans un clip de rap où il interprète le cerveau d’une équipe de braqueurs (finalement bien intentionnés), bouteille de champagne à la main. Il sera également sur scène cet été à Avignon dans le cadre du Off où il jouera seul en scène. Au moins un qui assume !
Le plus rural
Bernard Reynès, maire LR de Châteaurenard pendant 16 ans, soigne son image d’élu local. Depuis un an, il a déposé trois propositions de loi. La première porte sur la reconnaissance du provençal comme « langue de France », la deuxième vise à « étendre les prérogatives du maire et de la police municipale en vue de renforcer la tranquillité publique et prévenir la radicalisation ». Enfin, il aimerait voir apparaître une « "semi-tolérance" pour les petites infractions au code de la route ». La fameuse semi-tolérance zéro.
Le plus anti-corrida
Toutes les mandatures ont leur député anti-corrida. Cette fois-ci, c’est un régional de l’étape : Philippe Michel-Kleisbauer, élu du Var (l’un des deux seuls députés Modem, avec Mohamed Laqhila, député des Bouches-du-Rhône). Il a déposé une proposition de loi en ce sens en mars dernier. Les taureaux lui en seront reconnaissants.
Clément Chassot
1. Les chiffres utilisés ici sont issus du site internet nosdeputes.fr, animé par un collectif, Regards citoyens, constitué en association. Parfois contesté par certains députés – généralement mis en cause pour leur inactivité – il reste l’outil le plus efficace pour analyser l’investissement de l’élu, sa présence à l’assemblée…
2. hauteprovenceinfo.com le 24 avril.
Article publié dans le Ravi n°163, daté juin 2018