Le palmarès 2015 des maires cumulards
Pour tout connaître de la méthodologie du palmarès 2015 des maires cumulards, c’est par là.
Pour lire nos commentaires sur ce palmarès, c’est ci-dessous :
Tout change mais rien ne bouge. Les règles de la vie politique évoluent mais les élus n’arrivent pas à s’adapter. 2014 a pourtant été une grande année : le 22 janvier, l’Assemblée nationale votait solennellement la fin du cumul des mandats. Avec un bémol : le non-cumul ne s’appliquera qu’à partir de 2017, pas avant. Du coup, lors des élections locales qui ont marqué l’année 2014, les municipales et les sénatoriales, les électeurs ont vu revenir les mêmes élu(e)s, toujours aussi peu décidés à changer leurs habitudes.
Quoique. Ce n’est pas tout à fait vrai. En remettant à jour notre enquête publiée en mars dernier (le Ravi n°116), juste avant les élections municipales, nous nous sommes aperçus que près d’un maire sur trois avait changé en Paca. Les électeurs ont fait un peu de ménage. Le FN a fait son entrée dans le club fermé des maires de villes de plus de 10 000 habitants en l’emportant dans le 7e secteur de Marseille, à Fréjus, Cogolin (Var), Le Pontet (Vaucluse). La gauche est sortie affaiblie de ces scrutins municipaux : la victoire de la socialiste Cécile Helle à Avignon peut difficilement faire oublier les pertes, pour le PC, d’Aubagne et de Brignoles au profit de la droite, de Salon-de-Provence, de Châteauneuf-les-Martigues, de deux secteurs de Marseille et surtout de sa communauté urbaine pour le PS.
On ne change pas une pratique qui gagne
Les bascules gauche-droite ou les changements internes à la droite, observés dans de nombreuses communes de la Côte d’Azur, notamment, n’ont pourtant pas changé grand-chose en termes de cumul. Le plus souvent, les nouveaux venus se sont coulés dans les habits des anciens, tout simplement. Ainsi, à Grasse et à Salon-de-Provence, Jérôme Viaud (UMP) et Nicolas Isnard (UMP) ont repris à peu de choses près les mandats et fonctions de Jean-Pierre Leleux et Michel Tonon. A Brignoles et à Hyères, des parlementaires (UMP), Josette Pons (voir notre article en ligne) et Jean-Pierre Giran, ont été élus mais n’ont surtout pas abandonné leur siège à l’Assemblée nationale. On ne change pas une pratique qui gagne, le cumul demeure l’accessoire indispensable du pouvoir local, en Paca comme dans le reste de la France. Pour asseoir sa position, mieux vaut occuper le terrain et les sièges qui permettent de favoriser son territoire, sa commune, et rester en place le plus longtemps possible.
Le grand vainqueur de notre palmarès régional des maires cumulards, neuf mois après la publication de notre première enquête, est toujours le même : Christian Estrosi, inamovible député-maire UMP de Nice et président de la Métropole Nice-Côte d’Azur. Son dauphin, Jean Leonetti, député-maire UMP d’Antibes aussi inamovible que son voisin, a grimpé d’une place après le départ à la retraite (tout est relatif mais c’est un autre sujet) de Jean-Pierre Leleux, le maire de Grasse jusqu’en 2014. Sur la troisième marche du podium, une femme, Josette Pons, nouvelle édile UMP de Brignoles (lire sur le www.leravi.org l’article lui étant consacré). Dans notre Top 20 régional, que nous vous présentons ci-contre, défilent les noms des hommes (surtout) et de quelques femmes qui contrôlent les plus beaux fiefs de la région, de Nice à Marseille et Aix-en-Provence en passant par Antibes, Cagnes-sur-Mer, Grasse, Saint-Raphaël et Toulon. La droite étant en position de force dans les grandes villes de la région (l’UMP en contrôle 50 sur 101, les divers droite 17), il était logique qu’elle se distingue dans cette enquête sur le cumul. 15 UMP parmi les 20 premiers et, dans chaque département de Paca, le champion du cumul est un élu UMP. Il faut leur reconnaître le mérite d’assumer leur état puisque tous les parlementaires UMP de la région ont voté contre le projet de loi sur le cumul des mandats lors des votes successifs de l’hiver 2013-2014.
Le FN sent le soufre mais pas partout
15 élus de droite dans notre Top 20, donc, mais aussi 4 élus de gauche et un élu d’extrême droite, Jacques Bompard. Le maire d’Orange a parfait son implantation en 2014 en prenant la vice-présidence de la toute nouvelle communauté de communes des Pays de Rhône et Ouvèze. Dans le nord du Vaucluse, il s’installe plus que jamais dans son costume de notable incontournable. Ce qui n’est pas encore le cas des 4 élus Front national concernés par notre enquête : David Rachline et Stéphane Ravier, les deux nouveaux sénateurs-maires du FN (Fréjus et Marseille 7e secteur), Marc-Etienne Lansade (Cogolin) et Joris Hébrard (Le Pontet). Philippe de la Grange, le nouveau maire frontiste du Luc, échappe de peu à notre enquête car Le Luc ne compte que 9 500 habitants.
Stéphane Ravier et David Rachline arrivent « seulement » 33e et 47e dans notre enquête. Les deux hommes cumulent effectivement deux gros mandats, parlementaire + maire, mais cela ne suffit pas pour rentrer dans le Top 20 dans notre région où la concurrence est rude pour les cumulards. Ils ont aussi bénéficié de deux circonstances favorables : 1/ élus sénateurs, ils ont immédiatement démissionné du conseil régional de PACA et 2/ ils n’ont pas réussi à se faire élire vice-présidents de leurs structures intercommunales respectives, MPM pour Ravier, et la CAVEM pour Rachline. Les nouveaux élus FN de Cogolin et du Pontet ont bien été, eux, élus vice-présidents de leurs intercommunalités, la communauté de communes du Golfe de Saint-Tropez pour le premier et la communauté d’agglomération du Grand Avignon pour l’autre, mais comme ils n’ont pas d’autre mandat ni fonction, ils pointent beaucoup plus loin dans le classement, en 79e position sur 101 élus.
Quatre élus de gauche parmi les 20 premiers, ce sont pratiquement les mêmes que dans notre enquête de mars dernier. Deux élus communistes : Gaby Charroux, le député-maire de Martigues, et Hervé Schiavetti, le maire d’Arles aux nombreuses fonctions, même s’il a lâché la présidence du Parc naturel régional de Camargue. S’ajoutent à eux Marc Daunis, le sénateur-maire PS de Valbonne, très investi dans les instances de la technopole de Sophia-Antipolis, et Michel Amiel. Le maire des Pennes-Mirabeau a quitté le PS mais est devenu en 2014 sénateur des Bouches-du-Rhône sous les couleurs guerinistes et a donc grimpé de quelques marches dans notre classement. Nous l’avons ici classé « divers gauche », sans savoir vraiment si les élus réunis derrière Jean-Noël Guerini dans son nouveau mouvement, « La Force du 13 », sont toujours de gauche mais il aurait peut-être mieux valu laisser Michel Amiel et ses collègues « sans étiquette ». A vrai dire, on ne sait plus trop comment les définir, ces élus bucco-rhodaniens dont on sait seulement qu’ils suivront Jean-Noël Guérini jusqu’au bout de son aventure politique…
Tout en bas de notre tableau, il y a les vertueux, les rares élus non cumulards de la région : la plupart sont juste maires de petites villes de 10 000 à 20 000 habitants, collées à de grandes métropoles. Ces « sans-grade » de la politique, de droite comme de gauche, n’ont pas multiplié les mandats. Ils sont maires, souvent vice-présidents de leurs intercommunalités respectives, mais ça s’arrête là. La politique, ils la vivent au niveau local, au contact quotidien de leurs administrés, bien plus sûrement et bien plus intimement que les éléphants de leurs partis. Ceux-là courent d’une réunion à l’autre, sautent dans un TGV ou dans un avion, trois jours à Paris, trois jours dans le sud. En mars 2014, les électeurs ont de nouveau plébiscité ces élus qui montent chaque semaine à Paris. Et tant pis si ces communes mériteraient des élus investis à plein temps dans leurs mandats locaux.
Pierre Falga