L’ardeur
Quel rapport entre Châteauneuf, Coaraze, Vallauris, Vence dans les Alpes-Maritimes, entre Eygalières, Ventabren dans les Bouches-du-Rhône, Hyères dans le Var, et Lacoste, Ménerbes, Robion dans le Vaucluse ? Ce sont les dix villes et villages labellisés « en poésie » de Provence-Alpes-Côte d’azur ! En théorie, on y accueille en résidence des poètes, y baptise des rues du patronyme de grands versificateurs. On y offre des billets d’amour aux jeunes mariés, y construit dans les jardins publics des « promenoirs poétiques », y déploie des « brigades d’intervention poétique » dans les écoles. On y promeut la diversité culturelle avec des œuvres étrangères…
Que dites-vous ? C’est inutile ? Mais c’est tellement plus beau lorsque c’est inutile ! Bien sûr il n’est pas certain que dans ces dix communes on y construise plus de logements sociaux, on y offre l’hospitalité aux demandeurs d’asile, on y partage généreusement les richesses et on y gaspille moins les ressources naturelles qu’ailleurs. Qu’importe ! En mars, la 20ème édition du Printemps des poètes célèbre « l’ardeur ». Alors dans ce monde de brute, voué à la compétition de tous contre tous, consacré au culte de l’argent, noué de haines identitaires, miné par les inégalités, soyons un instant résolument « ravis » : fêtons avec fougue et chaleur, pour le retour des beaux jours, tous les oisifs, les rêveurs, les inutiles… Vive le printemps et les poètes !
le Ravi