L’agriculture paysanne, une agriculture d’avenir !
L’agriculture d’aujourd’hui, dans un pays comme la France, est une agriculture déséquilibrée. Championne à l’exportation dans certaines productions (les céréales par exemple), elle est complètement déficitaire dans d’autres (fruits et légumes…). Le visage que revêt l’agriculture est le fruit d’accords entre États, de choix politiques dans l’attribution des aides européennes, de pressions de multinationales… Les paysans, au cours des dernières décennies, ont vu leur espace de décision sur leur ferme se restreindre, leur autonomie s’effilocher sous la double pression de la dépendance financière et de l’intrusion de l’industrie dans le secteur agricole.
La Confédération Paysanne est un syndicat agricole qui se bat pour défendre les droits des paysan-ne-s, pour qu’ils puissent exercer leur métier dans les meilleures conditions économiques, sociales et environnementales. Au modèle agro-industriel qui était présenté comme seule voie de la modernité, elle a opposé le projet d’agriculture paysanne. Un projet où la population et les paysan-ne-s peuvent s’y retrouver en termes de qualité de vie, de qualité alimentaire, de vie rurale.
L’autonomie est une notion centrale de l’agriculture paysanne. Pour le paysan, viser un système où il dépend le moins possible d’achats extérieurs est une garantie de sécurité de son exploitation, surtout d’achats issus de l’industrie car ils sont très onéreux. L’autonomie c’est également de ne pas se faire imposer des règles. En élevage, il y a une obligation de mettre des puces électroniques aux oreilles des brebis pour les identifier alors que pour les éleveurs cela n’a aucun intérêt. L’identification existante est largement suffisante, cela sert juste l’industrie. Il existe également un projet qui vise à déposséder les éleveurs de leur capacité à sélectionner leurs mâles reproducteurs, de les échanger librement entre éleveurs. L’autonomie agricole n’est pas un repli sur soi, c’est une indépendance qui permet de vivre correctement de son métier, dans de bonnes conditions.
Pour le consommateur, l’autonomie c’est la possibilité d’avoir à disposition une diversité de production de qualité. Cela suppose l’arrêt de l’exportation et le redéploiement vers des productions aujourd’hui déficitaires. La diversité de production ne peut se faire que sur une multitude de petites et moyennes fermes car les petites unités créent plus de richesses et de diversités que les grandes. Les petites exploitations qui valorisent bien leur production sont source d’emplois et de vie rurale. Au lieu d’investir pour le développement des exploitations maraîchères qui font cruellement défaut dans notre région, l’Europe vient de signer des accords avec le Maroc pour développer l’importation de fruits et légumes à bas coûts. L’autonomie alimentaire, cela se gagne par le développement d’une agriculture de proximité, diversifiée et qui prend en compte l’environnement dans lequel elle vie.
L’agriculture paysanne est une agriculture qui veut associer progrès économique, progrès social et progrès environnemental. C’est organiser la diversité pour que chacun puisse s’y retrouver.
Sylvain Apostolo, co-porte parole de la Confédération Paysanne du Var