La gauche sur le pont à Avignon
Avignon est la grande ville de la région, jusqu’ici gérée par l’UMP, où le PS, allié aux écologistes dès le 1er tour, semble le mieux placé pour l’emporter. A 44 ans, Cécile Helle, qui fut en 1997 la plus jeune députée de France dans le sillage d’Elisabeth Guigou, est en passe de remporter son pari. En affichant un programme clairement de gauche : remunicipalisation des cantines, retour en régie publique directe de la gestion de l’eau, gratuité des transports…
Fin février, un sondage la donnait en tête du 1er tour avec 30 % des voix. Elle l’emporterait haut la main au second tour avec 54 % des voix. Un score auquel l’entourage de Bernard Chaussegros, investi par l’UMP et dauphin du maire sortant Marie-Josée Roig, ne croit pas. Pas découragé, le candidat de la « Smart city » croit aux mobilisations de dernière minute, le second tour constituant une tout autre campagne. Mais si la droite n’est pas résignée, elle est en train de se faire doubler par le Front national et son parachuté de candidat Philippe Lottiaux. Sa liste est créditée de 25 % au 1er tour, contre 23 % pour celle de l’UMP, dans une ville jusque-là relativement épargnée par le vote extrême par rapport au reste de ce département très facho-compatible.
« Nous sommes la seule alternative crédible à une droite locale qui renvoie un spectacle affligeant et une gauche incapable au niveau national », affirme Philippe Lottiaux qui fait campagne sur la baisse d’impôt et la sécurité. Suite à une dissidence avortée à droite, le candidat FN a réussi à attirer une partie des militants dissidents dans son camp. Et l’objectif final pour l’extrême droite est de constituer le premier groupe d’opposition à l’Hôtel de ville.
Le tram divise
Mais pour l’emporter, Cécile Helle devra faire de la place à son allié du Front de gauche, André Castelli, stabilisé fin février autour des 15 % d’intentions de vote. « Au vu des sondages, je suis la personnalité qui possède le plus de notoriété et la plus grosse marge de progression, affirme André Castelli. Je joue clairement la gagne, l’effondrement de François Hollande et sa politique ont des répercussions au niveau local. Les électeurs qui veulent d’une vraie gauche se tournent naturellement vers nous. Nous verrons, mais il est sûr que le rapport de forces ne sera pas le même si nous obtenons un score de 20 % ou plus. »
Principal point d’achoppement et pas des moindres, le tramway, auquel s’oppose la candidate PS. Elle défend un bus à haut niveau de service, moins cher et plus efficace. Elle estime que tant que les travaux n’ont pas commencé (en septembre), ledit projet à 250 millions d’euros est réversible malgré les 40 millions d’euros de pénalités contractuelles que cela engendrerait. Ce pourquoi André Castelli soutient le projet, en demandant tout de même une modification du tracé. Enfin, autre petite épine dans le pied du PS, une liste dissidente emmenée par Kader Guettaf, ancien président du centre social Monclar (un temps proche de Marie-Josée Roig) et quelques déçus du PS. « Ce sont des barons locaux pour qui seul le pouvoir est important, fustige l’un des colistiers de Guettaf. Nous sommes en train de finaliser une liste multiculturelle, à l’image de la ville et de nos préoccupations. » Elle compte peser grâce à des relais importants dans les quartiers mais aussi en centre-ville. Avant de se faire absorber le soir du 1er tour ?