« La culture doit retrouver toute sa place dans le quartier »
Peu après son accession à la mairie du 7e secteur de Marseille en 2014, Stéphane Ravier (FN), avait menacé de fermer l’espace culturel Busserine avant de faire marche arrière face à la pression populaire. Depuis, le sénateur maire d’extrême droite, s’arroge le droit de dicter la programmation, n’autorisant que les spectacles pour enfants. Par ailleurs, des travaux de mise en conformité devaient avoir lieu en 2016 : ils ont été repoussés en ce début d’année 2017, mettant en veille la vie artistique locale. A l’occasion d’une projection-débat de films, le 21 mars, au centre social Agora dans le 14e arrondissement de Marseille, en présence du réalisateur Thierry Deronne de Caracas, entretien avec Marry Bellec, porte-parole du collectif « Nos Quartiers ont besoin de l’espace culturel Busserine ».
Le Ravi : Où en sont les travaux de l’espace culturel Busserine ? Marry Bellec : Depuis janvier, l’espace est fermé car les travaux de sécurité incendie ont commencé et il faut tout remettre à niveau concernant la voirie à l’extérieur. Il reste le gros chantier de rénovation intérieure et extérieure. A ce sujet, le collectif a découvert en décembre 2016, dans l’appel d’offre, quelques anomalies. Dans le premier appel d’offre, sur le descriptif de la fiche de présentation de demande de rénovation, ils ont placé au même endroit l’espace culturel et le centre d’animation de Busserine [or, ces deux lieux sont espacés bien qu’ils appartiennent au même quartier, ndlr]. Quant au cahier des charges, nous nous sommes aperçus que toutes les remarques faites par les techniciens de l’espace culturel n’ont pas été prises en compte. Ils ont prévu une billetterie en mode station de péage. Or, pour faire un bon accueil, il faut être proche des gens. On refuse qu’un lieu culturel comme le nôtre devienne un kiosque avec une billetterie façon « drive » de Mac Donald’s ! D’autant que l’on accueille surtout un jeune public, il y a donc des règles à respecter. Cela n’a rien à voir avec la mairie de secteur, le problème vient de la mairie centrale.
Où en êtes-vous justement concernant la mairie de secteur ? L’équipe de l’espace culturel a été délocalisée vers le centre d’animation de Frais-Vallon avec une mission « jeune public ». C’est compliqué pour les écoles de la Busserine de s’y rendre [il faut 40 minutes afin d’aller d’un lieu à l’autre en transports en commun, ndlr]. Sinon, on n’a toujours pas de validation de la programmation. Nous n’avons toujours pas de budget annuel. On fonctionne au coup par coup. A Frais-Vallon, nous allons pouvoir démarrer une programmation « jeune public » mais les conditions de spectacles sont moins favorables : les salles sont petites, il n’y a pas la même relation avec l’artiste.
Et concernant la programmation, vous êtes toujours obligés de ne cibler que les plus jeunes ? Oui, Ravier ne veut offrir des spectacles qu’aux enfants de moins de douze ans. Les collégiens sont donc exclus. De plus en plus, il ampute la programmation pour les habitants.
Où en est votre mobilisation ? Concernant les travaux, on va essayer d’obtenir des modifications. Il faut peut-être imaginer des formes de lutte plus importantes. Par exemple, si le drive se met en place malgré nos demandes de modifications, on pourrait bloquer l’accès aux ouvriers. Quant à la programmation, même si nous ne pouvons rien faire pendant les travaux nous restons attentifs. Mais quand ils seront terminés, on veut que l’espace rouvre avec des spectacles pour tous, enfants et adultes. La culture doit retrouver toute sa place dans le quartier.
Propos recueillis par Maëva Gardet-Pizzo