Jacques Aubergy
Ça aurait pu être une provocation, mais c’est juste une coïncidence. En revenant à cinquante ans à ses premiers amours, Marseille et la littérature, après un exil en Amérique du Sud et dans la restauration collective, Jacques Aubergy a ouvert par hasard sa librairie en face de l’église des réformés du très réac père Michel-Marie Zanotti-Sorkine (le Ravi n°97).
Le sexagénaire à la barbe poivre et sel en sourit. Lui est plutôt porté sur la littérature noire et politique, voire anar, « aujourd’hui la seule position honnête ». Posé à même le sol de la petite boutique, le Ravi s’y mélange donc volontiers avec CQFD, Alternative Libertaire ou Combat Syndicaliste. Dans ses rayons se côtoient les livres du très sérieux Didier Daeninckx comme l’impayable Spinoza encule Hegel de Jean-Bernard Pouy.
Mais aussi les auteurs de L’atinoir, la maison d’édition de Jacques Aubergy, 34 titres au compteur. Une littérature latino-américaine, méconnue en France, plus posée mais tout aussi engagée. A l’image de La longue nuit de Francisco Sanctis de Humberto Costantini sur la dictature argentine. « Des fictions qui ont à voir avec la réalité », préfère l’ancien vendeur de malbouffe.
Quitte à être parfois pris entre deux feux. Lors de la sortie en 2013 de Laura à la Havane de l’opposant cubain Angel Santiesteban, « les procatristes ont gueulé », se souvient Jacques Aubergy, avant de pester : « Je l’ai publié parce que c’est de la littérature, pas pour dénoncer quelque chose ! » Ni dieu, ni maître, comme dirait Blanqui. .. que l’on trouve aussi dans ses rayons…
J-F. P.
L’Atinoir, 4 rue Barbaroux, 13001 Marseille. Site : www.latinoir.fr