« Intercos » : le troisième tour
Pour la première fois lors d’un scrutin municipal, les électeurs ont choisi en plus des conseillers municipaux les conseillers communautaires. Auparavant, chaque commune envoyait des élus, uniquement de la majorité, siéger dans les intercommunalités. Désormais des membres de l’opposition y sont mécaniquement élus, avec le but affiché de transformer ces institutions aux pouvoirs de plus en plus élargis en assemblée digne de ce nom. Et à chaque nouveau mode d’élection, nouvelles calculettes, car contrairement au passé, même si la ville centre d’une agglomération est raflée par un camp ou un autre, il n’est pas dit qu’elle dispose automatiquement d’une majorité intercommunale. Les élus communautaires ont ainsi jusqu’au 2 mai pour se réunir et élire leurs présidents respectifs.
Plusieurs « intercos » étaient scrutées attentivement. Premièrement celle de Marseille, qui repasse à droite, et où finalement le suspens n’a pas duré avec la débâcle de la gauche dans la ville centre. Le pnouveau président UMP de Marseille Provence Métropole, Guy Tessier, décroche une majorité de 90 sièges sur 138 et donc les coudées franches. Mais le véritable coup d’après pour les Bouches-du-Rhône, c’est la métropole, prévue pour 2016. En conservant Aix-en-Provence et Marseille mais surtout en faisant basculer Salon-de-Provence, la droite devrait normalement en prendre les rênes. Toujours dans les Bouches-du-Rhône, une des surprises de ce scrutin est la défaite des communistes à Aubagne. L’agglomération, jusqu’alors très hostile à la métropole, pourrait basculer à droite (Et en effet, depuis le 11 avril, la Communauté d'(agglomération du Pays d’Aubagne et de l’Etoile est présidée par Sylvia Barthélémy de l’UDI).
En Vaucluse, deux « intercos » étaient particulièrement surveillées. D’abord celle de Sorgues, où se présentait Marion Maréchal-Le Pen, et qui englobe Orange depuis le 1er janvier, ville de Jacques Bompard qui s’est rabiboché avec le FN. Mais, avec la victoire du maire sortant UMP dès le premier tour à Sorgues, l’extrême droite voit s’éloigner la perspective de présider sa première communauté de communes de France, à moins qu’elle n’arrive à convaincre quelques élus divers droite. (In fine cela n’a pas été le cas avec la réélection, le 12 avril, d’Alain Milon pour l’UMP).
A Avignon, la gauche a nourri de grands espoirs : ravir à la fois la mairie, ce qu’a fait la socialiste Cécile Helle, mais aussi la communauté d’agglomération (la COGA). Mais cette dernière reste à droite qui ne dispose toutefois pas de majorité absolue (37 sièges nécessaires) : 30 sièges pour l’UMP, 27 sièges pour la gauche, 11 pour le FN et 4 sans étiquette. Le FN se pose donc clairement en arbitre : une entente avec la droite pour élire le nouveau président de l’institution poserait les jalons d’un nouveau rapport de forces. Surtout que l’un des dossiers chauds de la campagne, celui du tramway dont les travaux viennent de commencer, sera tranché à la COGA. Cécile Helle souhaite abandonner le projet, ce qu’elle ne pourra faire sans une majorité à l’agglomération.
Ces élections municipales sont donc un coup de billard à plusieurs bandes : on peut être glorieusement élu dans sa ville sans pour autant disposer du pouvoir nécessaire à l’application d’une politique territoriale globale. Les choses sérieuses ne font que commencer…
Clément Chassot
Tour d’horizon post élection complet dans le numéro du Ravi, daté avril 2014, actuellement chez les marchand de journaux.