Fureur du dictateur nord phocéen
Ira, ira pas ? À quelques jours du premier tour de la présidentielle et à huit semaines de celui des législatives, Stéphane Ravier laisse planer le doute sur une possible candidature dans la 3ème circonscription des Bouches-du-Rhône, un secteur dont il est le sénateur-maire depuis 2014.
Après avoir laissé entendre en début d’année qu’il serait le candidat du FN, celui que ses opposants surnomment le « dictateur nord phocéen » a rétro-pédalé. Sans toutefois vraiment faire le deuil. Ses affiches, « tendance années 30 », ironise son opposant Front de gauche Sami Joshua, ornent les panneaux électoraux de la circonscription en compagnie de celles de Marine le Pen. « La balance penche pour un duo avec sa nièce, Sandrine d’Angio, et Cédric Dudieuzère », poursuit Joshua. Tous les deux sont adjoints de Ravier et conseillers régionaux. Dans ce scénario, ce dernier, touché par le non cumul des mandats, pencherait pour les ors du palais du Luxembourg et abandonnerait la mairie du 7ème secteur à sa nièce. Son protégé, lui, récupérerait le siège de député.
« Ravier n’a pas la main sur la circonscription », rappelle de son côté le socialiste Stéphane Mari, également élu d’opposition dans le « 13/14 ». Et d’assurer : « Il peut y avoir un parachutage car la situation est favorable. » Touché par une vague de défections, Stéphane Ravier est en effet marginalisé au niveau national. Dans la 12e circonscription des Bouches-du-Rhône, qui regroupe Vitrolles et Marignane, deux anciennes villes frontistes, c’est un proche de Marine Le Pen, Jean-Lin Lacapelle, le secrétaire général adjoint du parti, qui a été désigné, contre Jacques Clostermann, un candidat local.
Chasse au Judas
Mais pour l’instant, le sénateur-maire des 13ème et 14ème arrondissements de Marseille a surtout concentré toute sa fureur contre son ancien adjoint, Antoine Maggio. Démissionnaire début janvier, en compagnie de sa mère Marie Mustachia, pour cause d’autoritarisme du « dictateur nord phocéen », ce dernier a créé un groupe indépendant au conseil municipal de Marseille en compagnie d’autres déserteurs et se présente aux législatives sous la bannière « Marseille d’abord ». Au mois de février, les troupes du frontiste ont barré les affiches du traître de bandeaux « Judas ». Un militant de ce dernier a également été pris à parti par un élu de Ravier. Une main courante a été déposée. « C’est habituel dans les campagnes électorales », philosophe Antoine Maggio. Avant de se faire donneur de leçon : « L’adjoint de Ravier n’a toujours pas compris qu’il est un élu de la République. »
Lui est sûr d’avoir une carte à jouer. « Les habitants comme les élus se sentent trahi par le FN, la candidate PS est proche d’Andrieux, Christophe Masse de Guérini (1), le candidat LR à un problème avec Pénélope et il a perdu aux cantonales. Il y a un boulevard dans lequel j’essaie de me faufiler », claironne celui qui renie aujourd’hui l’étiquette d’extrême droite. « Sans parti, il va faire entre 1 % et 3 % », prédit Stéphane Mari, un proche de l’ancienne députée Sylvie Andrieux, définitivement condamnée l’année dernière à un an de prison ferme dans l’affaire des subventions fictives du conseil régional. Et le socialiste de poursuivre : « Par contre, on sent qu’il y a un vrai contentieux avec Ravier. On sent dans ses tracts qu’il veut se le faire. »
Suffisant pour faire barrage au FN ? Une prédiction dans laquelle ne veut pas se lancer Samuel Joshua : « C’était quasiment gagné pour eux, mais là je ne sais pas. Par contre, si Le Pen fait un mauvais score, la crise ici sera rapide. »
Jean-François Poupelin
Contacté, Stéphane Ravier n’a pas répondu au Ravi.
1. Après avoir tenté de décrocher l’investiture PS, Christophe Masse, dernier d’une longue lignée de socialistes marseillais dont le fief se situe à Château Gombert, dans le 13ème arrondissement, a rejoint Emmanuel Macron et tente de décrocher le maroquin « En Marche ! »