Frex(c)it(és)
Colonnes de fumée, jeux de lumière et musique de gala. Le président de l’Union populaire Républicaine (UPR) soigne son entrée lors du meeting au parc Chanot à Marseille, ce 17 avril, devant environ 300 sympathisants. Tout l’attirail des partis politiques traditionnels pourtant honni par François Asselineau et ses troupes… Le mantra de l’UPR est la sortie de l’Union européenne, de l’euro et de l’Otan. Un « Frexit » pour quitter une Europe libérale à la botte des financiers, qui détruit les services publics et prive la France de sa souveraineté politique. Un constat partagé au-delà des frontières du parti qui pose une limite : et après ? Gros point d’interrogation.
Parti confidentiel (0,9 % à l’élection présidentielle), l’UPR se rend visible grâce à l’activité de militants colleurs d’affiches ou squatteurs du web. Il compterait aujourd’hui 36 400 adhérents à jour de cotisation (30 000 en 2017), plus que le PS… « Nous étions 340 adhérents dans les Bouches-du-Rhône en 2017, aujourd’hui : 1200. On cartonne depuis le grand débat et les gilets jaunes », assure Bertrand Lebesque, responsable départemental 13. Au niveau régional, le parti serait passé de 1000 à 3000 militants.
« Des gens très différents, de tous bords politiques rassemblés autour de la sortie de l’Union. Mais c’est vrai que cela peut être une limite à plus long terme », abonde-t-il. Lui votait à gauche mais il en a eu « marre d’être pris pour un con ». Un dénominateur commun : la non-application du résultat du référendum de 2005 sur la Constitution européenne. Et aussi, les propos de Viviane Reding en 2012, alors vice-présidente de la Commission européenne, expliquant devant des parlementaires français ne mouftant pas « qu’il n’y a plus de politiques intérieures nationales ».
« On n’a plus les manettes, plus de souveraineté, à quoi ça sert d’aller voter ?, se demande Frédéric, grand bonhomme, la cinquantaine devant des t-shirts ornés d’une pièce d’un franc ou encore du champagne siglé UPR proposés à la vente. Asselineau ou un autre, je suis pour un référendum sur la sortie de l’Union. » Et militer pour un Frexit alors que le Brexit est pour l’instant un fiasco ? Pour Bertrand Lebesque, « ce n’est une catastrophe que dans les médias. Nous étions à Londres fin mars et je n’ai pas l’impression que ce soit la fin du monde ! » En même temps, il n’est pas entré en vigueur…
La détestation des médias de masse est récurrente. Et c’est de bonne guerre étant donné le boycott flagrant du parti. Mais il a besoin de lumière et le seul journaliste présent ce soir-là, celui du Ravi, fut très bien traité. La réputation complotiste de l’UPR, parfois alimentée par Asselineau lui-même qui en a probablement perçu les effets de « buzz », n’aide probablement pas à faire décoller ses scores électoraux mais lui permet une grande viralité sur le web. « C’est vrai qu’il y a pas mal de trolls, il faut souvent faire la police », admet Marc Antoniotti, responsable du site web pour le 13. Populaire chez les gilets jaunes, proche d’Etienne Chouard (le chantre du Ric), l’UPR peut-il créer la surprise et atteindre les 5 % fin mai en envoyant à Strasbourg des eurodéputés ? Un complot !