Fermez la télé, ouvrez le Ravi !
« Attac partout, action nulle part ! », raillaient, jadis, quelques esprits chagrins dès qu’ils croisaient en manifestation les militants de cette organisation dont le logo a, depuis, été repris par une enseigne de supermarché. Et bien détrompez-vous ! S’ils n’ont pas l’outrecuidance de balancer des pavés sur la maréchaussée en fin de cortège, les militants d’Attac sont d’une étonnante combativité. Ainsi, fin mai, à Gap, ont-ils décidé d’inviter le Ravi pour intervenir en contrepoint d’une conférence animée par le sociologue Pierre Bitoun. Il y a quelques années, il avait lancé la « journée sans Sarkozy », qui avait eu le mérite, sinon d’aboutir, du moins de faire causer. Sauf qu’au bout de plus d’une heure d’une intervention décryptant par le menu l’emprise de la télé sur nos vies, dans la salle, une main et une voix se lèvent : « Excusez-moi, mais, là, on s’endort. Je n’ai qu’une envie, c’est de zapper. Car ce constat, on le connaît déjà. Parlez-nous plutôt des alternatives… » Et Pierre Bitoun de proposer, en vrac, la renationalisation de TF1, la démocratisation du CSA, la refonte de l’audiovisuel public et la co-production des programmes par les citoyens et les professionnels, ne comprenant pas, au passage, pourquoi les « gens » ne s’attaquent pas frontalement à la télé, en envahissant les JT ou en entartant les hommes-tronc…
L’occasion pour les militants d’Attac d’expliquer que, depuis longtemps, ils ont remisé leur poste au placard, préférant s’énerver en écoutant France Inter et s’endormir en lisant « Le Diplo ». Et le Ravi d’en profiter pour dire son goût pour les chemins de traverse et l’urgence qu’il y a à défendre les médias « pas pareils », qui plus est lorsqu’ils sont de proximité. Car, s’il est bien évidemment capital de soustraire les médias de l’influence de ce dernier, aujourd’hui, dans notre beau pays où la gauche ne trouve rien à dire lorsqu’un Tapie se paye à un an des municipales, un groupe de presse, la meilleure défense n’est peut-être pas l’attaque frontale mais, plus que jamais, un salutaire pas de côté. Alors, éteignez la télé, allumez votre cerveau. Et ouvrez le Ravi !
S. B.