Des photos contre les clichés
« Le centre social a profité de ma présence pour parler d’autre chose, s’ouvrir à la vie quotidienne et surtout montrer un endroit où vivent les gens à l’aide des jeunes qui le fréquentent », ainsi Teddy Seguin évoque-t-il la genèse des « Quatre saisons de la Castellane ».
Durant quatre saisons à la Castellane, neuf jeunes fréquentant le centre social ont arpenté leur cité marseillaise munis d’un appareil photo. Une exposition au Mundart (Marseille 2ème), en novembre, a parachevé cette belle aventure chaperonnée par Teddy Seguin, diplômé de l’Ecole nationale supérieure de la photographie : « La qualité du travail des enfants et leur assiduité m’a agréablement surpris, souligne le photographe. Un an avec des gamins de 12 à 16 ans de façon régulière, ce n’était pas gagné d’avance. »
« On a essayé de traiter la cité comme un village et de documenter son quotidien vu par des jeunes habitants. On voulait sortir de l’image "kalash drogue & cie" pour donner une image plus réaliste avec cette vision intérieure qui permet de capter ce que nous, les extérieurs, ne voyons pas. » Souvent évoquée par les médias à travers ses histoires de règlements de compte et de coups de filet policiers, la cité de la Castellane renvoie à une triste image de tours régies par la loi des dealers. Le projet des « Quatre saisons » a ainsi permis de casser cette vision caricaturale en essayant de rendre visibles « les bons côtés », selon Oussam, l’un des apprentis photographes, en mettant par exemple en valeur « les arbres, la végétation ». « J’ai voulu montrer que l’on peut s’amuser dans le quartier », confie Fayad, pour lequel « Marseille est aussi bien que Paris ».
Fayad parle en connaissance de cause puisque Libération a invité Teddy Seguin et toute sa petite troupe, à observer le fonctionnement d’une rédaction le temps d’une journée au sein de ses locaux parisiens. Ils y ont croisé le Bondy Blog qui réalisait une édition spéciale dans le quotidien. « Ils témoignent de la vie des quartiers par l’écriture là où nous le faisons par la photo, on va essayer de mettre en place une collaboration », se réjouit Teddy Seguin. Lequel, avec son association Les Girelles, a déjà remis « les mêmes » sur les rails de la photographie pour un an : « On va essayer de travailler avec des centres de loisirs et de constituer un groupe de filles pour la mixité. » Ornithologues de la Castellane, restez sur vos gardes, le petit oiseau n’est pas prêt d’arrêter ses sorties !
Corentin Mançois