De « l’état d’urgence » à l’urgence d’un état… des droits de l’Homme et du citoyen !
L’état d’urgence instauré du 14 au 26 novembre est prolongé pour trois mois et risque, à n’y prendre garde, d’être un état d’urgence permanent.
Nous ne saurions reprocher aux pouvoirs publics de prendre toutes mesures pour arrêter et poursuivre toutes celles et ceux responsables de crimes, ceux du 13 novembre, tout comme ceux à l’encontre des journalistes de Charlie Hebdo et de l’épicerie kascher. Il marque malgré tout une restriction de nos libertés individuelles et collectives et s’accompagne d’une pression politique forte autour d’une « union sacrée » à l’heure où il conviendrait d’être dans le débat Politique et non politicien sur les raisons et les réponses pertinentes à la situation de violence et de terreur que nous rencontrons.
Comment dans la période actuelle ne pas interroger les politiques extérieures de la France et des grandes puissances occidentales rivées à un modèle de développement d’une économie de marché néo libérale et mondialisée ? Comment ne pas interroger les stratégies en œuvre des multinationales qui produisent beaucoup de richesses vite accaparées au détriment de celles et ceux confrontés à la misère et in fine à l’exode ? Comment ne pas interroger les alliances avec des états non respectueux de leur peuple et des despotes ? Que dire de la responsabilité des différents gouvernements qui se sont succédé dans les tensions et les guerres qui secouent le proche et moyen orient ouvrant un véritable boulevard à Daesh et d’autres groupes ?
Au-delà des questions relevant de la sphère géopolitique, les crimes perpétués interrogent aussi, par la personnalité et l’histoire des protagonistes engagés, l’état de notre démocratie, l’état de nos quartiers populaires abandonnés, les inégalités criantes, les discriminations, le racisme et la xénophobie.
S’il est souvent question de la cohésion sociale, celle-ci ne saurait relever d’un état sécuritaire surfant sur les peurs et les émotions mais sur une citoyenneté active. Elle ne peut se concevoir sans l’effectivité des droits fondamentaux, droit au travail, à un logement, à la santé, droit au respect, à la dignité, à la vie, etc… Elle ne peut se concevoir sans notre commune humanité, sans préservation de notre bien commun à ce jour approprié au même titre que des marchandises et des biens de consommation lambda.
Il est question, à cette veille de scrutins électoraux, de reposer le cadre d’un « vivre ensemble ».
Certains me trouveront utopiste. Mais le risque encouru est moindre que celui de la guerre de tous contre tous.