Madphone

juin 2021 | PAR Michel Gairaud

Vingt ans se sont écoulés entre la publication de La zone du dehors, en 1999, le premier roman d’Alain Damasio, et son dernier, en 2019, Les Furtifs. En passant, en 2004, par le cultissime La Horde du contrevent. L’un des plus populaires écrivains français de science-fiction est rare. Mais il est paradoxalement prolixe : ses trois livres sont en effet des pavés et il signe de nombreuses nouvelles.

Ceux qu’impressionnent les 700 pages des Furtifs, peuvent se rabattre sur Scarlett et Novak, un bref thriller publié en 2014 sur 01net.com, aujourd’hui joliment édité par Ragio. Le texte, que l’on peut dévorer en une petite demi-heure, est destiné aux adolescents. Il n’a pas, bien sûr, l’épaisseur des œuvres fleuves de l’auteur. Mais on y retrouve, ou y découvre, son univers conjuguant invention, réflexions politiques et « typoétiques » sur nos sociétés du contrôle, sa satire de la toute puissance technologique.

Scarlett n’est pas la petite amie de Novak : elle est l’intelligence artificielle de son « brightphone », sa complice, sa confidente, son assistante. Et son recours ultime alors que le danger survient sous les traits de deux agresseurs qui le poursuivent. Vraiment ? Un efficace pamphlet sur les smartphones, objet fétiche de l’injonction capitaliste à surconsommer, icône de nos « vies passées à caresser une vitre »…

Scarlett et Novak, par Alain Damasio, éditions Ragio, 64 pages, 4,90 euros.