Ces morts qui nous gouvernent
Qui se souvient de Gaston Defferre, de son fameux chapeau déposé sur son cercueil lors de ses obsèques nationales, il y a tout juste 30 ans, le 12 mai 1986 ? Qui se rappelle de Jacques Médecin, de ses fameuses lunettes aux verres teintés, de son exil en Uruguay pour fuir de multiples condamnations pour corruption ? Qui pourrait décrire les deux anciens hommes politiques forts du Var, le « vieux lion » de Draguignan, Edouard Soldani et l’inamovible maire de Toulon, Maurice Arreckx, qui finira sa carrière par un petit séjour aux Baumettes ? Probablement pas les lycéens qui battent le pavé en passant leurs premiers examens de citoyenneté politique !
Les fantômes de ces quatre bonshommes hantent pourtant les assemblées municipales de Marseille, Nice, Toulon et Draguignan, ville qui fut en un autre siècle la préfecture varoise. Ils ont bien sûr chacun de nombreuses spécificités mais leur point commun c’est sans doute d’avoir érigé la pratique du clientélisme au rang de discipline scientifique. L’héritage de Defferre, de Médecin et d’Arreckx, qu’il soit revendiqué ou nié, pèse toujours lourd dans le fonctionnement et le dysfonctionnement des trois grandes métropoles régionales. D’où notre petit exercice d’archéologie politique : fouiller le passé pour mieux comprendre les fondations du présent.
Michel Gairaud