Chirac en héritage
Des caisses de pommes à l’entrée, des t-shirts de campagne vintages, un portrait de Jacques Chirac comme étendard. Ce 27 septembre, au lendemain de la mort de l’ancien président de la République, le sénateur LR de Marseille Bruno Gilles rend hommage à son mentor pour son premier meeting de campagne des municipales.
Un hommage très appuyé qui oublie malheureusement la dissolution de 1997, le référendum de 2005 et la condamnation de 2011 pour détournement de fonds public dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris. Le président des LR des Bouches-du-Rhône en a profité pour faire « passer des messages », selon les mots de Renaud Muselier, le président LR de la Région, dont la présence n’est pas passée inaperçue. Toujours dans sa démarche de rassemblement, l’ancien dauphin de Jean-Claude Gaudin : « Le président Chirac nous a tout appris : comment faire de la politique, comment croire à son destin, comment ne pas tenir compte des sondages. » Un clin d’œil à celui sorti le matin même, donnant Martine Vassal, la présidente LR de la Métropole et du Département des Bouches-du-Rhône, largement devant Bruno Gilles dans la course au trône marseillais.
Machine à perdre
Pour Bruno Gilles, c’est surtout l’occasion de se poser en héritier local de Chirac, dont il a dirigé les deux campagnes présidentielles victorieuses dans les Bouches-du-Rhône. En particulier de celle de 1995, candidat RPR lâché par toutes ses troupes, moqué par Les Guignols de l’info et finalement vainqueur de son ami de trente ans et favori de la droite, Edouard Balladur, soutenu lui par Gaudin. A coups d’anecdotes, mais aussi de parallèle : une campagne lancée il y a un an, un gros travail de terrain, des sondages en bernes, peu de soutien des siens.
« Mais rien n’aurait pu arrêter Chirac. C’est une leçon qu’il va falloir retenir », insiste le sénateur sous les applaudissements des 2 000 soutiens (selon les organisateurs) rassemblés autour de la piscine du Manu Beach, une brasserie-boite de nuit avec piscine de la zone commerciale de la Valentine. Parmi les militants et soutiens rameutés, Marine Pustorino, maire des 4/5, et ses élus, mais aussi le fidèle Patrick Padovani, adjoint à la santé de Gaudin. Et surtout les troupes très bruyantes d’Annette Placide et leur banderole, une ancienne du cabinet de Gaudin, chargée des demandes d’emploi et de logement.
Ça n’est pourtant pas cette présence sulfureuse qui fait grimacer Jean-Bernard et sa moustache en guidon blanche en début de soirée. « C’est pas une bonne opération d’être divisé », s’inquiète ce militant, « fervent de Pasqua ». Qui craint un retour de la machine à perdre. Après 25 ans de Gaudinisme, la droite marseillaise semble de nouveau se déchirer entre ses deux pôles : le RPR et Démocratie Libérale, la famille d’origine de Martine Vassal…