Bruno Chaloin (Veolia) : le Ravi de plâtre
Un révolutionnaire dans les rangs de Veolia ? S’il y en a un, ce n’est pas Bruno Chaloin, le responsable « eau » sur le secteur Gard-Lozère-Alpes-Provence. Mais plutôt l’employé avignonnais qu’il a licencié en avril, à 48 ans et plus de 20 ans de boîte au compteur. Marc a effectivement, depuis 2006, eu l’outrecuidance de refuser de couper l’eau à plus de 900 foyers en situation d’impayés. Sa conscience ne le lui permettait pas et préférait aiguiller les gens vers des assistantes sociales ou les pousser à négocier avec leur fournisseur. Mais à Veolia, la philanthropie, connaît pas.
Pour le directeur Chaloin, les resquilleurs étaient forcément tous des mauvais payeurs. Et puis en cas de difficultés financières, les services sociaux, c’est pas pour les chiens hein, puisqu’ils « prennent en charge tout ou partie des factures impayées comme le prévoit la loi ». A la presse, il rappelle qu’« une de ses missions est de couper l’eau, cela fait des années qu’on le prévient, aujourd’hui il ne faut pas qu’il soit surpris. […] cela représentait une charge de travail supplémentaire pour les autres employés. Veolia est une entreprise humaine, on a essayé de lui faire entendre raison. » Bref, il l’a bien cherché.
L’hérétique avait pourtant proposé à sa direction de se faire rétrograder à un poste où il n’aurait plus eu à faire de recouvrement. Elle a préféré se payer un bon coup de pub à l’heure où de plus en plus d’usagers se retrouvent en situation de précarité énergétique, dans une ville où la fronde contre la délégation de service public de l’eau prend de l’ampleur, pour finalement se retrouver aux prud’hommes. Jolie stratégie de communication.
C. C.