Brignoles, du rouge au bleu marine ?
En octobre la victoire de Laurent Lopez, candidat FN (53,1 % des voix) à la cantonale partielle de Brignoles, dernière grande mairie communiste du Var, avait déchaîné les passions dans les médias nationaux et internationaux. Un intérêt démesuré au vu de l’importance de ce type d’élection, mais qui annonçait déjà l’angoisse des municipales…
A l’extrême droite, c’est de nouveau Laurent Lopez qui s’y colle. A en croire sa mine fatiguée et ses bâillements lors du meeting de Marine Le Pen le 21 février dernier à Toulon, il ne doit pas dormir beaucoup. A moins que ce ne soit les propos de la présidente du FN qui l’ennuient ! Si un sondage CSA, datant déjà de décembre dernier, le donnait gagnant au premier tour avec 37 % des voix, le candidat FN n’a pas l’air si serein que ça… « Je mène une campagne de terrain, assure le nouveau conseiller général. Si l’on gagne ce sera une belle récompense pour les militants. Après, l’important c’est surtout d’avoir pu présenter une liste FN à Brignoles, c’est vraiment ça qui compte… » Vraiment fatigué Lopez !
C’est surtout qu’en face on s’organise. La gauche a appris de ses erreurs puisque contrairement à la cantonale partielle, où elle était partie divisée pour mieux perdre, ce coup-ci PS, Verts et Front de gauche font liste commune avec à leur tête le conseiller municipal délégué aux travaux Jean Broquier, ancien colonel des sapeurs-pompiers en retraite jamais encarté. « C’est lui qui a fait l’unanimité », confie Claude Gilardo maire actuel PCF qui, à 79 ans, n’a pas souhaité rempiler mais restera sur la liste. Et pour lui, c’est sûr : « On va gagner ! »
Le collectif « Affront national » mobilisé
A droite, l’UMP et l’UDI – que le même sondage en décembre annonçait avec 8 % d’intentions de vote alors qu’ils n’étaient pas encore rassemblés – font désormais liste commune. A sa tête, la députée et conseillère générale Josette Pons est parachutée depuis quelques kilomètres, même si elle s’en défend : « Les Brignolais m’ont élue trois fois en tant que députée et même si je n’y vis pas, je suis très attachée à cette ville. » Au moins tout autant qu’elle l’était à St Cyr-sur-Mer, dont elle fut premier magistrat de 1985 à 1989, et au Beausset, dont elle fut maire de 1995 à 2002, préférant d’ailleurs, à l’époque, sa députation plutôt que de terminer son mandat local. Mais cette fois-ci, si elle est élue, elle jure qu’elle se consacrera à Brignoles et qu’elle abandonnera la vice-présidence du CG83 à la fin de l’année et son siège de députée en 2017…
Le collectif « Affront national », né en réaction à la victoire du FN aux cantonales et composé de citoyens de sensibilité de gauche comme de droite mais « républicains », occupe l’espace public pour inciter les Brignolais à aller voter. Car c’est surtout grâce à l’abstention (67 % au premier tour et 54 % au second) que Lopez a pu l’emporter à la cantonale. Le collectif s’apprête aussi à faire signer un pacte républicain engageant le candidat de gauche comme le candidat droite à voter l’un pour l’autre au second tour. Un acte républicain déjà tenté en octobre mais qui n’avait pas fonctionné : les bureaux votant habituellement à gauche avaient donné leurs voix à l’UMP, alors que les électeurs de droite eux, avaient rempli l’urne du FN…
Samantha Rouchard