Bière qui roule…
La nature a horreur du vide. L’amateur de houblon aussi. Et, dans la région, avec une cinquantaine de micro-brasseries artisanales, il est servi. Dernière en date ? La Brasserie Communale, à Marseille (1). Principe des vases communicants : à peine l’Équitable Café vient-il de fermer ses portes (Cf le Ravi n°172) que la brasserie ouvre les siennes. Entre les deux, la filiation est évidente. Au sein du quatuor à l’origine de la brasserie, trois viennent de l’Équitable. Et c’est dans les coulisses de ce dernier que deux d’entre eux ont commencé à jouer les brasseurs amateurs.
Mais, comme le précise Antoine Joannier, l’un des quatre associés, « l’Équitable, c’était un lieu culturel avec un bar. Nous, c’est l’inverse. On est un bar qui compte bien distribuer sa propre bière et qui est aussi un lieu culturel et militant ». Situé au cœur du cours Julien, l’établissement de 340 m2 sur 2 niveaux, est encore en chantier. A commencer par la brasserie en elle-même. Mais, en attendant de produire sur place jusqu’à 5000 litres chaque mois – « une blonde, une blanche, une rousse, une IPA ou une brune en hiver », détaille-t-il – la brasserie en écoule déjà entre 1000 et 1500 chaque week-end !
Notamment la rousse de la Bière de la Plaine, une brasserie « AOQ » (« Appellation d’origine de quartier ») qui, tout en s’installant à la chocolaterie de Saint-Menet pour produire davantage, joue la carte de la diversification puisque, non content de proposer des stages d’initiation au brassage, la brasserie produit désormais du pastis ! Et demain, pourquoi pas, du gin, du whisky…
Comme une vingtaine d’autres, les deux brasseries font partie de l’association Bière de Provence. Au-delà de l’organisation de la quatrième édition de « Provence Bière Connexion » (2), ce collectif ambitionne, dixit Antoine, outre la « promotion des bières artisanales locales », de « développer, à terme, la culture de houblon dans la région ».
Et pourtant, alors que La Brasserie Communale, qui n’ouvre pour l’instant que les week-ends, devrait compter une demi-douzaine de salariés, pas une banque n’a voulu accorder le moindre prêt. « A nous quatre, on a réussi à réunir environ 100 000 euros, détaille Antoine. Mais, sans le soutien de nos familles ni le prêt de la mère d’une amie, on n’aurait jamais pu racheter le fonds de commerce. » Pas loin de 200 000 euros ! Pour faire de la bière, faut du liquide…
1. 57, cours Julien, 13006 Marseille
2. Jusqu’au 5 mai au 58 rue de la République, 13002 Marseille