Biens communs
Il était une fois des artisans pêcheurs qui avaient décidé de mettre en place une aire marine protégée pour préserver leurs gagne-pain. Loin d’être une fable, ce conte a reçu en 2009 le prix Nobel d’économie. Il était raconté, parmi de nombreux autres, depuis des décennies, par la politiste américaine Elinor Osbom dans ses travaux sur les « communs ». « Alors qu’on ne parlait que marché et Etat, elle parle de la capacité des gens à s’organiser collectivement. Ses travaux montrent comment une communauté est capable de se donner des règles pour gérer durablement une ressource et la communauté », résume l’économiste Fabienne Orsi, codirectrice d’un Dictionnaire des biens communs (1).
Longtemps attaché à la gestion des ressources – pâturages communaux, pêcheries par exemple -, les communs sont devenus « un endroit de résistance » assure la chargée de recherche à l’IRD : « Ils offrent une réappropriation de la chose publique et sont une réponse à la crise de la représentativité. » Popularisé avec le prix Nobel d’Elinor Ostrom, les communs essaiment pourtant juste avant, au début des années 2000. En parallèle à la brevetabilité du vivant ou des médicaments, se développent les logiciels libres, les licences publiques, Wikipedia, portés par des communautés ouvertes. Puis en réponse à la privatisation des services publics, sont apparues des initiatives portées par des collectifs de citoyens et d’habitants pour se réapproprier la chose et les biens publics.
La liste des domaines ne cesse de s’élargir se réjouit Fabienne Orsi : « La rencontre entre les communs et l’Economie sociale et solidaire permet aujourd’hui de penser un système économique alternatif. Mobicoop, FairBnb, Enercoop, sont autant d’alternatives, souvent coopératives, à Blablacar, EDF ou RbNb. »