Au nom du pluralisme…
« Aide-toi, le ciel t’aidera… » Tel est, en substance, la réponse des pouvoirs publics aux télés associatives, aux radios libres et à la presse « pas pareille » quand l’un des représentants du « tiers secteur médiatique » a l’outrecuidance, comme les grands, de tendre sa sébile pour défendre ce à quoi beaucoup d’autres ont renoncé depuis longtemps : informer, donner la parole à ceux qu’on n’entend jamais, faire vivre le débat démocratique et, accessoirement, nos territoires.
D’accord, le gouvernement vient, dans un geste d’une rare audace en ces temps de rigueur budgétaire, d’accorder une TVA réduite aux sites d’info en ligne. Une bonne nouvelle mais qui ne saurait masquer qu’à l’heure où Libération est en passe de redevenir un parking, on est en train de couper les vivres à l’ensemble d’un secteur, en faisant croire qu’il n’y aurait de salut que dans une reconversion « 2.0 ».
le Ravi, avec d’autres, a donc décidé de prendre les choses en main. Dans le prolongement des premières rencontres nationales de la Presse pas pareille organisé à l’occasion des 10 ans du mensuel qui ne baisse jamais les bras, nous réalisons, dans le cadre d’un « micro-projet » (financé par la chambre régionale de l’économie sociale et solidaire et l’Europe), un état des lieux de la presse et des médias « pas pareils » en Paca et au-delà. Il s’agit de voir s’il ne serait pas possible de systématiser davantage, entre ces différents acteurs, les traditionnels coups de main et collaborations qu’ils ont su jusque-là mettre en œuvre.
Partage de contenus, de moyens, d’expériences et de savoir-faire, approche cross-média… Tout est déjà là et pourtant, presque tout est à inventer. En parallèle, nous participons avec d’autres acteurs, avec lesquels nous travaillons depuis longtemps, à l’émergence en Paca d’une association « Médias citoyens », inspirée d’une structure existante en Rhône-Alpes cherchant elle aussi à donner un peu de lisibilité et de visibilité à un secteur éclaté.
Car il est hors de question de se satisfaire du « Aide-toi, le ciel t’aidera » que l’on nous a servi jusque-là. Le but est bien évidemment aussi de donner de la voix et du poids à nos exigences. Toute proportion gardée, un peu comme le Tiers-Etat, jusqu’à présent, le « tiers secteur médiatique » n’aura eu droit à rien (ou alors pas grand chose) et réclame donc, au regard des missions de service public qu’il remplit, des valeurs qu’il crée, des richesses qu’il produit, d’avoir, au minimum, les moyens de vivre. Des exigences que nous porterons, avec d’autres, du 23 au 25 mai aux « 3èmes rencontres des médias libres et du journalisme de résistance » à Meymac en Corrèze dont le thème sera : « Libérons les médias ». Et ça, ça ne pourra pas se faire sans vous…
Sébastien Boistel