Vert, couleur de l’espoir…
Grenelle de l’environnement oblige, les candidats des dernières municipales se sont découverts plus écolos que José Bové. De vrais amoureux de la nature. La réalité est pourtant inverse : jusqu’à présent, les élus de Paca ont privilégié une urbanisation forcenée. Une étude de la Direction régionale de l’agriculture et des forêts de 2003 (1) prévoit qu’au rythme actuel, les terres agricoles auront disparu d’ici 15 ans sur une bande littorale allant de Menton à Avignon. Principale cause : le prix du foncier. « Dans le Var, c’est 25 000 euros l’hectare en moyenne contre 1 700 euros en Loire-Atlantique. Et même 100 000 euros à Bormes-les-Mimosas ! », s’étrangle Jean-Claude Alberigo, président du Collectif de défense des terres fertiles du Var et secrétaire régional des Verts Paca.
Si les propriétaires cèdent facilement à la tentation, leurs représentants ne sont pas en reste. Taxe sur le foncier bâti, privatisation des réseaux de distribution, etc., ils s’accommodent aisément de la multiplication des résidences sécurisées et des zones artisanales et commerciales. Sans oublier la force du lobby immobilier. « Il a imposé son argument d’évidence, digne du café du commerce : les prix sont hauts parce qu’il y a peu d’offre. Mais, on observe que lorsque les plans d’occupation des sols s’ouvrent, les prix augmentent quand même ! », dénonce Claude Napoléone, économiste et directeur de recherche à l’Inra d’Avignon.
« Le lobby immobilier impose ses arguments »
De leur côté, les principaux intéressés assurent d’une prise de conscience, de la nécessité d’agir en pensant, c’est la mode, « développement durable ». A l’image de Robert Bénéventi, maire UMP d’Ollioules et président du syndicat mixte en charge du Schéma de cohérence territoriale de l’agglomération toulonnaise (Scot Provence). Son document d’urbanisme, opposable aux POS et PLU (2) des 31 communes du territoire, ambitionne « de diviser par quatre le nombre d’hectares consommés » par la densification des centres villes, l’urbanisation des dents creuses et la réhabilitation de friches industrielles ou commerciales. « C’est la première fois qu’on se concerte de cette manière-là », plaide l’élu. D’autres vont plus loin. Au Pradet, une petite ville du territoire, Claude Mesangroas, le nouveau maire DVG, a carrément acheté des terres pour y installer deux agriculteurs bio et a annulé une partie d’une déviation, promesse d’urbanisation, afin de créer « une ceinture verte autour de la ville et développer l’écotourisme ».
Les changements restent pourtant lents. « Dans son PLU, la commune de La Crau [signataire du Scot Provence, Ndlr] assure maintenir sa surface de terres agricoles. Mais ce sont des côteaux, bons pour la vigne ou la forêt, qui sont en fait préservés », se désespère Jean-Claude Alberigo. Pour le plus grand bonheur du secteur de l’immobilier. Dans les Alpes-Maritimes, il a fallu que le préfet tape sur les doigts de Christian Estrosi, député-maire UMP de Nice et autoproclamé super écolo, pour qu’il associe la chambre d’agriculture du département à l’Opération d’intérêt national de la Plaine du Var… Conclusion lapidaire de Claude Napoléone : « Un moyen de freiner l’urbanisation serait de taxer les plus values foncières. Le gouvernement a abandonné le projet devant la levée de boucliers. » Les villas, résidences, routes et autres centre commerciaux vont encore pouvoir pousser…
Jean-François Poupelin