Tribune du maire du Thor (84)
« Tous les matins de nouvelles aventures »
La fonction de maire demande beaucoup de travail. Si je m’y attendais, je n’avais pas imaginé que ce serait si intense. Il y a cependant beaucoup de satisfactions à travailler collectivement à la mise en œuvre de politiques pour l’intérêt commun.
La tâche n’est pas facile tous les jours, mais les difficultés ne sont pas forcément là où je les attendais. Ayant siégé 15 ans dans l’opposition, je ne pouvais pas avoir connaissance de l’état de certains secteurs. J’ai ainsi découvert qu’il n’existait pas de politique de gestion du personnel. Tout était à l’abandon, conduisant à une situation déplorable. Nous sommes en train de rebâtir, de réorganiser tous les services, de remettre les personnels dans leur cadre statutaire.
Une autre découverte concerne le budget : les impôts locaux n’avaient peut-être pas augmenté depuis des années, mais c’était au détriment des dépenses de personnel largement sous estimées – et aujourd’hui, il faut rattraper ; c’était aussi en utilisant des recettes exceptionnelles pour couvrir des dépenses ordinaires du budget de fonctionnement, ce qui ne pouvait pas durer.
J’ai été également confronté à des imprévus d’un autre type. Par exemple, notre volonté de refuser la culture des plantes génétiquement modifiées sur le territoire du Thor. Combinée avec la décision du Tribunal administratif de Nîmes de rejeter la demande du Préfet de Vaucluse d’annuler notre délibération pour une commune sans OGM, elle nous a apporté une notoriété importante et de multiples sollicitations.
Suivre ses convictions peut aussi parfois se retourner contre les intérêts de la commune. Maire et conseiller régional, je n’ai pas voulu cumuler la fonction de vice-président de la Communauté de communes du Pays des Sorgues et des Monts de Vaucluse à laquelle nous sommes rattachés. Cette décision a eu pour conséquence un affaiblissement de notre influence dans le bureau exécutif, dans lequel siègent tous les autres maires, alors que Le Thor y est représentée par son premier adjoint et le conseiller municipal délégué à l’urbanisme !
« Suivre ses convictions »
Avec mes colistiers, nous avions pris des engagements pendant notre campagne et les premières réalisations commencent à voir le jour. Nous avions annoncé que nous répondrions aux besoins des gens du voyage : une aire d’accueil sera opérationnelle d’ici la fin de l’année et des aménagements sont prévus pour ceux qui se sont sédentarisés sur la commune. En 2009, d’autres investissements seront réalisés : la transformation de l’ancienne nationale qui traverse la commune en boulevard urbain à la circulation apaisée, l’aménagement d’un plateau sportif, des aménagements dans les écoles attendus depuis de nombreuses années.
En six ans, nous ne réaliserons pas tout le programme pour lequel nous avons été élus, mais tout sera engagé. Nous suivrons scrupuleusement ce qui a été dit, nous devrons parfois faire évoluer certains projets. Il faudra du temps, le temps de la démocratie, de la concertation avec les citoyens. Entre la décision d’un projet et sa réalisation, il faut compter en années. La difficulté, c’est de l’expliquer, en particulier à ceux qui nous ont soutenus et qui peuvent penser que les choses n’avancent pas.
Il faudra aussi que les moyens dont dispose la commune soient à la hauteur. Or, le désengagement de l’Etat, la montée des précarités, la suppression annoncée d’une partie de la taxe professionnelle (par quoi sera-t-elle remplacée ?), tout cela aura des conséquences négatives sur le budget des communes. Entre 2007, année de rédaction de notre programme, et aujourd’hui, une crise mondiale est intervenue, économique, sociale et écologique, traduisant l’échec du capitalisme. Et nul ne peut dire de quoi demain sera fait.
Etre maire c’est se préparer tous les matins à vivre de nouvelles aventures, pas toujours celles souhaitées ! Il y a ces piles de parapheurs à signer. Il y a les rendez-vous avec les concitoyens et aussi de très nombreux quémandeurs à recevoir. Il y a de multiples réunions qui se suivent l’une derrière l’autre sur des thèmes complètement différents demandant de s’adapter très rapidement. Sans compter le téléphone et la centaine de courriels à lire chaque jour. Tout cela je le fais avec bonheur, car c’est ce pour quoi je me suis battu pendant tant d’années.
Jacques Olivier