Route: 2 – Rail: 0
Le deuxième « tube » routier verra le jour avant le premier tronçon du tramway et l’hypothétique LGV
Comment faire dérailler un sénateur maire qui a construit toute son image sur sa modération ? En lui parlant chemin de fer bien sûr ! La réunion de lancement du débat public sur la LGV, le 8 mars dernier, restera dans les mémoires. Hubert Falco, vigoureusement chahuté par des manifestants opposés au projet de train à grande vitesse, a perdu publiquement son sang-froid, haussant progressivement le ton jusqu’à invectiver les trouble-fêtes… Petite ruse de l’Histoire : ceux qui ont fait sortir de ses gonds l’ancien ministre sont probablement, pour une bonne part, les électeurs qui l’ont fait roi. Il y a dix ans, Hubert Falco, alors député d’un canton rural du Var, figurait en effet parmi les politiques qui se sont opposés au prolongement du TGV Méditerranée au-delà de Marseille. « Les gens n’ont pas oublié ses vieux discours et le lui rappellent avec violence, souligne Robert Alfonsi, conseiller municipal socialiste. Ce n’est pas une raison pour perdre son calme. Il faut faire preuve de pédagogie pour expliquer que si la LGV ne se fait pas, il faudra construire de nouvelles autoroutes qui feront bien plus de dégâts sur le territoire. » Hubert Falco, le président de TPM a changé aujourd’hui d’avis et défend l’hypothèse d’une ligne à grande vitesse passant au nord de Toulon en direction de Nice. Option impliquant la construction d’une nouvelle gare, à Cuers par exemple. « C’est absurde, s’insurge Jean Ecochard, président de la fédération des Comités d’intérêts locaux de l’Est Toulonnais, pourtant fervent partisan de la LGV. Une gare, cela doit se construire au centre ville. Autrement, il va falloir créer de nouvelles rocades sur lesquelles circuleront encore plus de voitures. Sur ce dossier, comme les autres, Toulon n’a toujours pas de réflexion globale sur les transports. »
Côté rail, l’autre sujet qui fâche à Toulon, c’est le tramway. Officiellement, il s’agit d’un des grands projets de la communauté d’agglomération : un tracé de18 kilomètres devant relier en 37 stations la Seyne-sur-Mer à La Garde. Mais le projet ne cesse de prendre l’eau. Il n’est désormais question que de réaliser « la première phase du 1er tronçon », soit 17 stations entre Clémenceau (campus La Garde / La Valette) et Noël Blache (futur campus de Toulon centre). Le tout, au mieux, en 2012 ! Seul véritable « avantage » de ce retard : il laisse un peu de répit aux jardins des Olivades, pionniers de l’agriculture paysanne, dont l’intégrité de la ferme est toujours menacée par le tracé à Ollioules (Lire le Ravi n°15). De là à « espérer » que le Tram ne verra jamais le jour… « Fondamentalement, le maire appréhende politiquement les conséquences des travaux du tramway, déplore Lorenzo Matéos. Et préfère différer un équipement indispensable. » Le tracé du premier tronçon, qui pourrait au moindre accro financier rester durablement virtuel, ne fait pas non plus l’unanimité. « En théorie, il s’agit de relier deux Facultés, explique Jean Ecochard. Il est moins politiquement correct de souligner que le Tram tel qu’il est dessiné va joindre une zone commerciale et son hypermarché (Grand Var) au centre ville. Risquant une fois de plus de vider ce dernier. »
Sans prêter l’oreille à ces persiflages, Hubert Falco a promis aux Toulonnais d’inaugurer, en 2009, un second « tube » routier. Le premier, permettant une traversée souterraine de la ville dans le sens est-ouest, a coûté près de quatre fois plus cher qu’annoncé après onze années de travaux et de confusion… Le maire explique que la construction du nouvel équipement permettra de dégager la circulation en surface, préalable à l’arrivée du Tramway et à un développement plus audacieux des transports en commun. Un pari plutôt risqué. « L’ouverture du premier tube a déjà généré 25 % de trafic routier en plus, constate Philippe Chesneau, conseiller régional Vert. Des personnes qui venaient le matin et repartaient le soir, « grâce » au tunnel font aussi un aller-retour en voiture à midi. Le lobby des automobilistes l’emporte sur l’intérêt général, les logiques à court terme sur des projets d’avenir. » Le président de TPM a fait son choix : contrairement au marseillais Gaudin et au niçois Peyrat, il pourra se présenter aux prochaines municipales en 2008 devant des électeurs qui n’auront pas été importunés par les imposants chantiers nécessaires à la construction d’un tramway. Et il prend, ce faisant, un risque tout relatif : décevoir les Toulonnais en attente d’un mode de transport moderne et efficace…
M.G.