Politiquement incorrect
Un homme de dos, debout, dans une rue en plein jour, pantalon baissé sur ses chaussures, s’essuie les fesses avec un drapeau français. Le cliché suscite une émotion jusqu’au plus haut sommet de l’État. Il a été primé, en mars dernier, dans la catégorie « politiquement incorrect », lors d’un « marathon photo » amateur organisé par la Fnac de Nice. Publiée dans Metro, le quotidien gratuit, l’image déclenche aussitôt une tempête de réactions. Alertée par une armada d’élus UMP, Michèle Alliot-Marie, la ministre de la Justice, envisage en avril de faire évoluer le droit pour renforcer la loi « pénalisant l’outrage au drapeau tricolore ».
Jamais en reste d’un dérapage, le député Lionnel Luca lâche sa petite phrase : « Le politiquement incorrect aurait été de faire cette photo avec un drapeau algérien. » Il n’est jamais trop tôt, même en dehors d’une campagne électorale, pour draguer l’extrême droite ! Presque seul à garder la tête froide, le procureur de Nice, Éric de Montgolfier, classe le dossier, estimant que le délit n’est pas constitué même si l’œuvre incriminée lui semble « débile ». Pendant ce temps, le jeune auteur de la photo, 25 ans et totalement dépassé par la polémique, se fait discret…
Mais au fait, c’est quoi le « politiquement correct » ? L’expression montre du doigt le conformisme des discours colportés par les hommes politiques, les médias, les intellectuels mais aussi ceux tenus au comptoir des bistrots. Autrement dit, beaucoup de monde ! A contrario, le « politiquement incorrect » désignerait tout ce qui n’est pas bien-pensant. Mais comme ce qui choque les uns, réjouit les autres, on n’est pas sorti de l’auberge. Une certitude : vouloir réglementer par la loi la conformité du moindre pet de mouche, ce n’est vraiment pas correct. le Ravi
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