Politique : combat de dragonneaux
Le président de la foire aux olives ou l’ancien directeur de cabinet (1) ? Le diplômé de l’école normale d’instituteur d’Aix-en-Provence ou celui de l’ENA, la prestigieuse école nationale d’administration ? L’UMP Max Piselli ou le PS Christian Martin ? Les Dracénois, en 1995, ont créé la surprise en préférant le second au premier. Puis ils ont créé de nouveau la surprise, en 2001, en choisissant de faire revenir le premier au détriment du second. Vous suivez toujours ? Max Piselli a dirigé la ville entre 1986 et 1995. Date à laquelle Christian Martin s’est imposé, refermant provisoirement 11 années de gestion de la droite à Draguignan, avant d’échouer pour se faire réélire. De peu : l’écart s’est joué, en 2001, avec 160 voix. « J’ai commis des erreurs à trop vouloir convaincre les gens par la preuve, à trop batailler pour préparer l’avenir et un second mandat. J’ai aussi négligé de mener suffisamment ma campagne dans la rue », reconnaît avec le recul Christian Martin. Ingénieur des ponts et chaussées, diplômé de l’institut politique de Paris, magistrat à la Cour des comptes, l’impressionnant CV de Christian Martin, 52 ans, né à Nice, est parfois lourd à porter dans le bourg dracénois, au pays des fifres et des tambourins. Max Piselli, 69 ans, né à Saint Remy de Provence, joue avec habileté de la carte du terroir. « Tous les samedis, Piselli est sur le marché et il serre des mains, constate Roger Gimenez, militant associatif et politique aux multiples casquettes, le c?ur ancré à la gauche de la gauche. Le maire actuel a tous les commerçants derrière lui. Il passe son temps à les caresser dans le sens du poil. Martin, lui, ne sait pas faire. Ce n’est pas quelqu’un de très collectif ni, à mes yeux, vraiment un homme de gauche. Mais c’est quelqu’un de foncièrement honnête et qui a des principes. »
A peine réélu, Max Piselli a frappé fort en accusant son prédécesseur d’avoir vidé les caisses de la ville (2). Un argument dont il use encore aujourd’hui lorsqu’il veut justifier que tel ou tel dossier n’avance pas assez vite. De fait, l’endettement a augmenté sous le mandat Martin, mais la chambre régionale des comptes n’a jamais pointé d’irrégularités, ni d’erreurs de gestion comme cela a été sous-entendu. « On ne peut pas en dire autant sur les pratiques de mon prédécesseur, sur sa gestion non transparente des marchés publics, sur les cadeaux qu’il a distribué à son ami François Léotard, tacle Christian Martin. Je ne regrette pas d’avoir investi pour la ville. » La campagne qui s’ouvre s’annonce particulièrement musclée, à l’image des échanges lors des conseils municipaux. Dans le vieux Draguignan, le local des « Amis de Max » n’est pas très loin de celui de « Avenir de Draguignan », l’association mise en place par Christian Martin pour préparer l’échéance électorale.
« Piselli se comporte en petit cacique, comme un élu féodal et hautain, assène Christian Martin. Il a favorisé un recrutement clientéliste échevelé à la mairie. De mon côté, je n’ai jamais promis d’embauches pour être élu et je ne le ferai pas non plus pour être réélu. Ce genre de pratique génère à juste titre de l’amertume, des frustrations et du mécontentement. » Draguignan fut autrefois un fief de la SFIO puis du parti socialiste. Celui d’Edouard Soldani, maire PS de 1975 à 1984 et président du Conseil général durant trente ans, surnommé le « vieux lion » à la fin de sa longue carrière politique. « Népotisme, pots de vins, postes de complaisance, : il a durablement marqué le paysage politique local », juge Roger Gimenez. Max Piselli a débuté à ses côtés. Il a chanté l’Internationale avec moi. » Car le maire UMP de Draguignan, ex-RPR, est aussi un ancien socialiste. « C’est de l’histoire ancienne, balaie Claude Roux, conseiller d’opposition socialiste. Il vient de notre camp mais il n’y a pas appris grand chose. » Quoique…
M.G.