Pellenc Town
« Bonjour, c’est Roger Pellenc, maire de Pertuis. J’ai eu votre message, mais j’ai pas bien compris. J’ai fait des dons, notamment de carrelage, mais ça n’est pas Pellenc qui profite de la mairie. Il y a simplement une générosité de l’entreprise. » Difficile en effet de comprendre la relation entre Roger Pellenc, maire UMP de Pertuis (84) depuis 2008 et Roger Pellenc PDG de Pellenc SA, leader mondial de la robotique agricole et premier employeur de la ville. Recontacté suite à ce message téléphonique pour quelques précisions, l’entrepreneur-maire n’a jamais donné suite.
Une certitude quand même : comme le sous-entend Roger Pellenc, la « générosité » de sa multinationale avec sa commune n’est pas nouvelle. Il y a deux ans déjà, dans le « Contrôle de la démocratie » de la petite ville du Sud Vaucluse, le Ravi avait relaté ce singulier altruisme (le Ravi n°63). A l’époque, il s’agissait d’un prêt de caméras de vidéosurveillance et de la maintenance du parc informatique. Sans fausse pudeur, et pour couper court au débat, le maire s’était exclamé : « Je remercie Pellenc SA pour ses interventions, le prêt des caméras. »
Une chance. Habituellement le chef d’entreprise est très discret sur le sujet. « Il botte en touche. A aucun moment il n’a l’impression de déraper, il estime qu’il agit dans l’intérêt communal. Aujourd’hui, il fait quand même beaucoup plus attention », explique Fabien Perez, chef de file de l’opposition socialiste. Exemple : « Lors de l’avant dernier conseil municipal, il a voulu faire passer une délibération sur la mise à disposition de la commune par son entreprise d’un Algeco© parce qu’elle en avait besoin. Je lui ai dit que pour moi ça relevait de l’abus de bien social, il l’a retirée », raconte le jeune avocat, qui n’a cependant jamais saisi la justice. Et de désespérer : « Il mélange tout. »
Autre exemple de « mélange » : Pellenc SA sponsorise certains clubs de sports de la ville dirigée par son PDG. C’est le cas du Club Sportif Pertuis Basket (niveau pré-nationale). « Ça a commencé en 2007 », se rappelle Fabien Perez. En pleine campagne des municipales… Et ça continue. Sur l’affiche du match du 16 avril contre le BC Arles, un double logo de Pellenc SA est en bonne place. Mieux, la page facebook du CSPB affiche deux photos de février 2009 sur lesquelles Roger Pellenc tout sourire – maire, PDG ? – tient un maillot estampillé au nom de son entreprise. Ce généreux sponsoring ne fait visiblement pourtant pas que des heureux. Un commentaire assassin accompagne un des deux clichés. In extenso et dans la langue d’origine : « t en a pa mar de voir pellenc la semaine il fau mm ke t’en porte le week-end, mdr. » Les administrés sont des ingrats !
Jean-François Poupelin