Nationale, régionale, locale, subliminale… Identité : vos papiers !
Toutes les préfectures sont mobilisées pour organiser un « grand débat sur l’identité nationale ». En pleine période électorale, les ficelles de l’opération politique sont grosses. En agitant une fois de plus l’épouvantail de l’immigration, le sujet fédère avec efficacité à (l’extrême) droite et divise tout aussi sûrement à gauche. Mais au fait, pourquoi ?
Il y a des « grands débats » auxquels les préfectures ne vous inviteront pas. Par exemple : comment partager plus équitablement les richesses nationales ? Qu’est-ce que les services publics apportent à la cohésion de la France ? En quoi le droit d’asile est-il un des piliers de notre Constitution ? Quelles alternatives à la prison faut-il mettre en oeuvre pour éviter la propagation de la violence dans notre société ? Dans quelle mesure le droit de grève et les actions de désobéissance civile sont-ils des actes de démocratie participative ? A vous d’allonger la liste… Nicolas Sarkozy a fait son choix. En pleine période électorale, il mobilise les représentants de l’Etat pour organiser un « grand débat sur l’identité nationale ».
Un petit coup d’oeil au questionnaire expédié dans les préfectures par le ministère « de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire » (sic) en dit long sur la manière dont les discussions sont engagées. Au chapitre « quels sont les éléments de l’identité nationale ? », différentes options sont proposées : « notre patrimoine, notre territoire, notre vin, nos églises et nos cathédrales… » Au paragraphe « comment mieux célébrer l’identité nationale ? », d’autres questions orientent le débat : « comment imposer le respect des symboles de la nation ? Comment valoriser la fête du 14 juillet ? »
Sur quoi ces savantes réflexions vont-elles déboucher ? Parmi les premières « propositions d’actions », certaines prêtent franchement à sourire : « accroître la place des symboles de la République (Marianne, drapeau) dans l’ensemble des édifices publics ; donner à tous les enfants de France l’occasion de chanter au moins une fois par an la Marseillaise… ». La crispation un tantinet fétichiste sur la symbolique patriotique peut tout aussi bien attrister. Surtout lorsque ce débat « identitaire » est sans arrêt articulé à la question de l’immigration.
Rire, pleurer. Débattre, boycotter. Parler, se taire. Pour être franc, au Ravi, on a un peu hésité. Puis tranché. Dans nos villes et nos campagnes, la France a mal à son identité. Sinon, comment comprendre qu’en dépit des grosses ficelles politiques présidant ce débat, il suscite avec autant d’efficacité autant de réactions ? Le thème fédère à (l’extrême) droite, divise à gauche, fait causer au centre et partout ailleurs. Chiche ! Dans notre belle région, tchatchons donc identité…
Michel Gairaud