Municipales : Le palmarès des promesses non tenues
Nos sondeurs sont formels. Les maires sont les hommes – beaucoup plus rarement les femmes – préférés des Français. Les chiffres produits par les études sont sans équivoque : interrogés sur l’action de leur 1er magistrat, plus de 70 % des administrés se déclarent satisfaits. Autre symptôme d’intérêt, voire d’empathie : 88 % connaissent le nom de leur maire, contre 58 % pour celui du député. Ah, les merveilleuses vertus de la proximité ! Pourtant, en particulier dans les petites villes et les villages où le statut de l’élu est précaire, les maires ont souvent du vague à l’âme. Face à la lourdeur de la tâche, de l’emploi du temps, des risques juridiques mais aussi devant la dilution des responsabilités dans le fameux « mille-feuille territorial », les vocations se raréfient.
Et les promesses dans tout ça ? Force est de constater, surtout dans les grandes villes, que les programmes ressemblent de plus en plus à d’affriolants catalogues. Le marketing politique fait aussi ses ravages. Il faut faire « image », simple et court. Il faut être capable de susciter le désir comme le pot de yaourt en tête de gondole clignant de l’?il à la ménagère de moins de cinquante ans. Les recettes les plus traditionnelles du clientélisme se redéploient à la sauce de nos sociétés d’hyperconsommation. Les maires s’efforcent d’être de bons communicants. De nombreux électeurs sont devenus de simples spectateurs. Pas sûr que la démocratie y gagne à l’arrivée.
Pas sûr non plus que les arguments avancés pour justifier les changements de cap, les petits reniements, les grands écarts avec les engagements solennels d’il y a quelques mois, redorent le blason de la fonction et de ceux qui l’assument. Rapide pot-pourri de la rhétorique de l’élu qui bat en retraite : c’est la faute à la crise, à mon prédécesseur, à l’Etat, aux autres (collectivités), à pas de chance… Une promesse, c’est un contrat. Celui qui le rompt prend le risque de faire perdre de la valeur à sa parole et à ses actes. Promettre, c’est aussi donner de l’espérance. C’est sans doute pour ça que les Pinocchios de la politique sont désespérants.
Michel Gairaud
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