Municipales : Le palmarès des promesses non tenues
Une année. C’est sans doute trop court pour évaluer sérieusement le bilan d’un mandat qui en compte six. Mais c’est déjà suffisant pour juger de la validité d’un certain nombre de promesses électorales. En mars dernier, 786 communes en Paca ont renouvelé leur maire. C’est ce scrutin, avec la présidentielle, qui suscite le plus de passion des électeurs. Notre dossier risque de déclencher aussi quelques réactions tranchées. « Un palmarès des promesses non tenues ? Bravo ! Y’en a marre de tous ces élus qui nous vendent des salades ! » Ou alors, dans un registre opposé : « Là, vous versez dans la démagogie. C’est pas si facile que ça de gérer une ville… »
Nos sondeurs sont formels. Les maires sont les hommes – beaucoup plus rarement les femmes – préférés des Français. Les chiffres produits par les études sont sans équivoque : interrogés sur l’action de leur 1er magistrat, plus de 70 % des administrés se déclarent satisfaits. Autre symptôme d’intérêt, voire d’empathie : 88 % connaissent le nom de leur maire, contre 58 % pour celui du député. Ah, les merveilleuses vertus de la proximité ! Pourtant, en particulier dans les petites villes et les villages où le statut de l’élu est précaire, les maires ont souvent du vague à l’âme. Face à la lourdeur de la tâche, de l’emploi du temps, des risques juridiques mais aussi devant la dilution des responsabilités dans le fameux « mille-feuille territorial », les vocations se raréfient.
Et les promesses dans tout ça ? Force est de constater, surtout dans les grandes villes, que les programmes ressemblent de plus en plus à d’affriolants catalogues. Le marketing politique fait aussi ses ravages. Il faut faire « image », simple et court. Il faut être capable de susciter le désir comme le pot de yaourt en tête de gondole clignant de l’œil à la ménagère de moins de cinquante ans. Les recettes les plus traditionnelles du clientélisme se redéploient à la sauce de nos sociétés d’hyperconsommation. Les maires s’efforcent d’être de bons communicants. De nombreux électeurs sont devenus de simples spectateurs. Pas sûr que la démocratie y gagne à l’arrivée.
Pas sûr non plus que les arguments avancés pour justifier les changements de cap, les petits reniements, les grands écarts avec les engagements solennels d’il y a quelques mois, redorent le blason de la fonction et de ceux qui l’assument. Rapide pot-pourri de la rhétorique de l’élu qui bat en retraite : c’est la faute à la crise, à mon prédécesseur, à l’Etat, aux autres (collectivités), à pas de chance… Une promesse, c’est un contrat. Celui qui le rompt prend le risque de faire perdre de la valeur à sa parole et à ses actes. Promettre, c’est aussi donner de l’espérance. C’est sans doute pour ça que les Pinocchios de la politique sont désespérants.
Michel Gairaud
AU SOMMAIRE
Et les gagnants sont…
Entretien : la promesse est un métier
C’était pas pour de vrai
La tirade du nez… qui s’allonge
Les promesses d’une vie meilleure
Tribune du maire du Thor (84)
Recyclage
Les cadeaux bonux
Promesses tenues, hélas !