Moi, Sylvie Andrieux Casquée d’or
Vous parlez d’un livre de vacances : 11 000 pièces du dossier d’instruction à potasser sur la plage cet été ! Mais bon, je dirais, il faut ce qu’il faut pour laver mon nom. Enfin pas que le mien, celui de mon père aussi, la grande dynastie socialiste des Bouches-du-Rhône. Papa sénateur, et moi gamine qui jouait sur les genoux de Defferre pour toutes les photos officielles de notre maire à tous. Pas sûr que ma stratégie de défense leur aurait plu, à Gaston et au daron… Depuis début juillet je suis, je dirais, mise en examen pour « complicité de détournement de fonds public, complicité d’escroquerie » et je joue, je dirais, la belle blonde coincée pour excès de vitesse.
La vice-présidence de la région pour la politique de la ville ? « A aucun moment, je n’entrais dans le détail [des dossiers de subventions]. Je n’en avais pas le temps, ni la possibilité, ni même la compétence. » (1) D’ailleurs c’est pour ça qu’à l’Assemblée, je suis membre de la commission spéciale « chargée de vérifier et d’apurer les comptes » et du groupe d’études « vie associative ». Alors oui d’accord, c’est dommage ! Si j’avais eu le temps et la compétence j’aurais, je dirais, peut-être pu empêcher que 740 000 Euros d’argent public partent, en un an et demi, dans des assos bidons de ma circonscription.
Mais c’est pas faute d’avoir essayé ! Je me suis battue bec et ongles vernis contre les services de la région : quand eux voulaient blacklister une asso, je disais non ! « Vous ne connaissez pas les associations, moi je les connais, je connais leur président, si je vous dis qu’il n’y a pas de souci, c’est qu’il n’y a pas de souci », voilà ce que j’aurais balancé au directeur de l’aménagement du territoire (2). Et même sur une liste d’asso, j’aurais, je dirais, inversé une recommandation des services en précisant « très important : 80 % à ce bureau de vote ». Mais c’est impossible, je dirais, que j’ai écrit ça. De toute façon, « je répondrai ultérieurement » à cette question, tout comme aux 33 autres que m’a posées le juge durant les cinq heures de mon audition. Il a fallu trois ans d’enquête pour qu’il me convoque, il peut bien attendre six mois de plus, ah mais ! !
Surtout que ça valait la peine d’attendre : quatre heures de question-réponse pour dire que les responsables c’est mes supérieurs et mon subordonné, mais pas moi ! Au-dessus, Michel Vauzelle qui crée « un authentique pouvoir présidentiel concentré, avec les deux leviers que sont le directeur général des services et le directeur de cabinet […]. Le budget était entièrement préparé par eux, tout était bouclé en un gros quart d’heure. » (1) En dessous, mon attaché parlementaire : « Petit à petit, il s’est trouvé l’interlocuteur direct des associations. » (1) Et quand je lui ai demandé des explications sur certains dossiers, « je n’ai jamais eu de retour ». (1)
Alors les hauts fonctionnaires ont beau dire, je dirais, que c’est moi qui gérais tout en direct, en réalité je dirais « mon rôle était équivalent à celui de la reine d’Angleterre. » (1) Surtout qu’en plus j’étais moins payée que Liz : 3 500 Euros par mois comme vice-présidente de la région, sans parler de mes indemnités de députée et conseillère municipale. Etre femme, c’est un handicap pour le salaire, comme je le souligne sur mon blog. (3)
Mais attention, je dirais, je suis pas aussi rabougrie que notre christmas pudding, j’ai même du chien avec mon mètre soixante-dix, mes éternels hauts talons, mes yeux bleu azur, ma crinière léonine, ma taille de guêpe et mes flamboyants tailleurs-mini jupes. Sûr que dans les quartiers Nord, je fais un peu grande bourge. Surtout que j’y habite pas, parce que, je dirais, « je n’aime pas mélanger vie privée et vie politique » (4) : je vis toujours à Malmousque, maison avec vue sur la mer. De toutes façons, à part ce Karim Zeribi (5), tout le PS a déménagé chez les riches, même Samia Ghali (6).
L’essentiel, c’est de labourer le terrain : les quartiers Nord, j’y suis depuis 1997. A 36 ans, malgré le découpage Pasqua, j’ai arraché la circo à un toubib de droite, la classe. Quoi ? Avec la dissolution made in Chirac, même un mérou étiqueté PS serait passé ? Et le FN qui est arrivé en tête au premier tour avec 31 % des voix ? Peut-être, mais une fois implantée, je n’ai plus lâché, j’ai explosé tout le monde : 63 % des voix en duel contre le FN en 2002, puis 58 % contre l’UMP en 2007, ha ha ! La vague bleue, ça me fait bien rire ! Mon secret ? Le terrain, toujours le terrain.
« Arroser les associations de subventions » persiflent l’UMP et le FN. Calomnie ! C’est pas parce que même des scrutateurs du PS ont vu dans ma section des pseudo-militants totalement inconnus au bataillon venir voter aux scrutins internes, le tout pour gagner quelques Euros (7), qu’il faut croire tout ce que raconte la droite ! Parce que cette histoire de subventions, « est à l’évidence une diversion » (8) lancée par l’UMP pour détourner l’attention de l’affaire Woerth. Dès 2007, la droite avait senti que Bettencourt c’était du lourd, alors ils avaient allumé un contrefeu dans les Bouches-du-Rhône. C’est pourquoi maintenant que je me suis expliquée plus avant, je ne dirai plus rien, je dirais.
Cassandre