Michel Sappin

février 2008
La « culture du résultat » échauffe les esprits dans nos préfectures. Michel Sappin, le préfet de Provence-Alpes-Côte d’Azur et des Bouches-du-Rhône, a fait preuve d’un zèle plus que certain en délivrant un arrêté d’expulsion contre Abdoulaye Coulibaly. Motif ? Ce ressortissant malien ne « justifie pas de sa présence en France pour chaque année depuis dix ans ». Sauf que ! Abdoulaye Coulibaly, 70 ans, est en France depuis 1962, a un fils de 22 ans et vit maritalement avec une Française depuis 15 ans. Cerise sur le gâteau : il est avocat et inscrit depuis 28 ans au barreau d’Aix-en-Provence ! Le 21 janvier, lors de l’examen du dossier devant le tribunal administratif de Marseille, de nombreux confrères de M° Coulibaly sont venus exprimer leur indignation. « Il n’y a que la politique du chiffre pour expliquer cette décision injuste », a déploré M° Olivier Lantelme du Syndicat des avocats de France. Même le commissaire du gouvernement a estimé, lors de l’audience, qu’une expulsion serait contraire à la Convention européenne des droits de l’Homme. Pour toutes excuses, le préfet a annulé l’arrêté d’expulsion en accordant royalement une autorisation provisoire de séjour de six mois « afin de permettre à M° Coulibaly de compléter son dossier… ». En recensant tous les étrangers injustement menacés d’expulsion qu’il a défendu depuis près de 30 ans ? Dans un autre registre, le 18 janvier à Gap, Jean-François Savy, le préfet des Hautes-Alpes, a lui aussi perdu le sens de la mesure. Il a quitté précipitamment la séance des v?ux d’Auguste Truphème. Motif ? Un trait d’humour du président du Conseil général visant Nicolas Sarkozy lui a fortement déplu : «Un pas en avant, deux pas sur le côté : c’est certainement très bien pour danser le tango avec Carla, ça l’est beaucoup moins en termes de lisibilité de l’action publique. » Pour le préfet des Hautes-Alpes, seul Nicolas Sarkozy a donc le droit d’étaler sa vie privée sur la place publique… M.G.
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