LO-LCR : le divorce est consommé
Unies pour le meilleur et pour le pire lors des élections européennes de 2004, Lutte ouvrière et la Ligue communiste révolutionnaire ont dû se contenter… du pire (3,3 % au niveau national, 2,37 % dans le Sud-est). Les deux formations d’extrême gauche ont donc décidé de retrouver leur liberté.
La LCR n’a pas tardé à en profiter. Les luttes contre le Traité constitutionnel européen et le CPE l’ont en effet rapprochée du PC. Dans l’euphorie des lendemains qui chantent, est même né le rassemblement antilibéral. Depuis, toutes les forces de la Ligue sont tournées vers la concrétisation de cette passion commune (la question de la candidature autonome sera bien tranchée fin juin, mais ne ferme pas la porte à celle unitaire), reléguant au second plan les autres solutions et les échéances locales futures. « Il n’y a pas encore de discussion à cet échelon, tout dépendra de la présidentielle », explique ainsi Samuel Joshua, un des cinq porte-parole nationaux du parti trotskiste. Le problème de la participation avec la « gauche du oui » n’est pas le même au niveau local, la base contrôle plus les listes. » Cela semble d’ailleurs l’arranger. Avec « quelques centaines » de militants au niveau régional, et aucun élu, le porte-parole de la LCR craint que son parti ne puisse pas se présenter partout. Malgré ces appréhensions, il garde cependant espoir. « Depuis le 29 mai, la crise des banlieues et celle du CPE, le courant est porteur pour l’extrême gauche. Et si les choses tournent comme je le suppose, la LCR aura la présence la plus large de son histoire pour les prochaines élections. »
Pas particulièrement revancharde, mais un peu moins optimiste, Isabelle Bonnet, porte parole régionale pour Lutte ouvrière, espère de son côté que les 260 militants de sa formation en Paca (dont la moitié à Marseille) et son conseiller municipal de Carros (06) pourront rééditer l’exploit de 2001 : « Couvrir tout Marseille et les autres villes de la région ». Mais une chose est certaine, si exploit il y a, ce sera hors des alliances. La formation d’Arlette Laguiller revendique fièrement son autonomie mais un problème insurmontable se pose pour elle : « les tenants du rassemblement se disent antilibéraux, mais c’est un mot ambigu. Pour nous, il faut rompre avec le capitalisme et prendre sur les profits des entreprises pour créer des services publics ou empêcher les licenciements collectifs. Et nous sommes les seuls à le dire », explique ainsi doctement Isabelle Bonnet. Le divorce s’est donc fait à l’amiable.
JFP