Leurs avancées sont faites de nos reculs
Sur les 3 963 conseillers généraux français, deux sont désormais issus du Front national. Carpentras, dans le Vaucluse, charmante commune déjà célèbre pour la profanation de son cimetière juif, ajoute une médaille à son glorieux palmarès. Brignoles, dernière grande ville varoise dirigée par le PCF, offre aussi un siège, à 5 voix près, au FN. L’extrême droite dirige par ailleurs deux cantons supplémentaires dans l’Hexagone. Et, là aussi, ils se trouvent en Provence-Alpes-Côte d’Azur, dans le « 84 », à Bollène et à Orange, sous les couleurs de la Ligue du Sud de Marie-Claude et Jacques Bompard.
Quatre élus sur près de 4 000, à quoi bon s’affoler ? Bien sûr, l’abstention record relativise le raz de marée « bleu Marine » qui a déferlé sur la France. Bien sûr, l’extrême droite a déjà connu d’autres triomphes électoraux en Paca qui se sont révélés sans lendemain. Reste que le FN s’est imposé comme le premier parti de la région capable de se maintenir dans la quasi-totalité des cantons avec des pourcentages dépassant allègrement les 40 % des suffrages exprimés. La xénophobie, les discours anti-immigrés, islamophobes et sécuritaires ont donc été plébiscités. Pourquoi un tel succès de l’extrême droite ? Quelle réponse politique lui apporter ?
Questions et réponses sont liées. Les avancées du Front national sont faites de nos reculs. Premier d’entre eux : celui de la participation au scrutin. À quelques exceptions près, le désengagement des abstentionnistes relève d’une passivité d’enfants gâtés alors que des peuples luttent encore pour la démocratie. Deuxième reculade : celle des partis « républicains ». Et là, la liste est longue : soumission aux logiques économiques productrices d’injustice sociale, promesses non tenues, dérives clientélistes et affairistes, reprise démagogique des thématiques sécuritaires et xénophobes, divisions, manque d’imagination pour inventer des alternatives, de courage politique pour les défendre et les appliquer… On en rajoute encore ?