Les chantiers de la lune
C’était il y a six ans déjà. Jacqueline Herrero revient de Dakar avec l’Afrique « dans le corps ». Place Franchon, place de la lune pour les Seynois, elle décide de créer « un lieu alternatif, ouvert à tous les gens qui aiment l’art, la peinture, la musique, la bouffe ». Dans les années 60, ses parents tenaient un petit restaurant fréquenté par les ouvriers des chantiers navals. Elle aménage le local avec simplicité.
« En Afrique, j’ai découvert des gens qui sont dans « la récup », qui savent faire quelque chose avec les moyens du bord sans trop se plaindre ». Les chantiers de la lune sont une association qui reçoit très peu de subventions. Ce qui ne freine pas son dynamisme. Les expositions y sont fréquentes et de qualité. Chaque année, un artiste africain est accueilli plusieurs semaines pour une résidence. « Tous les deux ans, je remets un prix à Dakar lors de la biennale d’art africain contemporain au milieu des grandes fondations », s’amuse Jacqueline Herrero. Les « chantiers » jouent volontiers la carte de l’éclectisme : on y assiste aussi bien à des concerts-repas, des ateliers d’écritures, des soirées philo que des « cafés Attac ».
Objectifs tenus, donc, même si le public vient autant de l’agglomération toulonnnaise, voire de beaucoup plus loin, que de la Seyne. « Si j’avais voulu gagner de l’argent, c’était le dernier endroit où se poser. Mais je suis bien ici », résume Jacqueline Herrero. Elle souhaite donner une « nouvelle énergie » aux Chantiers de la lune. En essayant de passer au maximum le relais à qui voudra s’investir… En attendant, les projets foisonnent. Début juin, ce sera l’heure d’un « partage des territoires » avec trois artistes africains. Au programme : musique, soirée conte, exposition, jusque sur la petite place. Les grands platanes y ont disparu. Mais pas l’art de la palabre…
M.G.