Le thermonucléaire propre est un mythe
La fusion consiste, à l’inverse de la fission (casser des « gros noyaux ») à rapprocher suffisamment deux atomes légers pour qu’ils en donnent un plus gros (la somme des masses des produits finaux de la réaction étant plus faible que la somme des masses des produits initiaux, la différence est convertie en énergie). Pour que cette opération de rapprochement présente un intérêt, il faut des conditions très particulières : envoi d’un grand nombre d’atomes (la densité) l’un contre l’autre, avec la plus grande vitesse possible (la température) et pendant le plus long temps possible (le temps de confinement). Avec ces trois paramètres a été défini un critère, le critère de Lawson, qui doit indiquer à partir de quand le système est censé fonctionner.
Depuis longtemps les physiciens nucléaires savent faire « à l’unité » ces réactions (deutérium + tritium), mais comment arriver à la fusion « entretenue » productrice d’énergie ? Comment parvenir à utiliser ce fameux tritium sans tout contaminer ? Donc que signifie fonctionner ? Qu’appelle-t-on énergie produite ? L’énergie libérée par réaction multipliée par le nombre de réactions ou l’énergie envoyée sur la ligne électrique, déduction faite de la consommation de la machine.
« Ce type de réacteur, présenté par ses promoteurs comme écologique, va produire une nuisance radioactive au moins égale, si ce n’est plus importante, que les réacteurs actuels »
À ce niveau apparaissent deux petits « détails » permettant de faire comprendre les principaux mensonges concernant la fusion : elle utiliserait un combustible quasi illimité qui se trouve dans l’eau de mer et elle serait propre au point de vue radioactif. Le premier, et non le moindre, est qu’il faut non seulement du deutérium, l’isotope de masse 2 de l’hydrogène mais aussi du tritium, l’isotope de masse 3 de l’hydrogène, radioactif. S’il est possible d’extraire le deutérium de l’eau de mer (à quel coût énergétique ?), par contre le tritium, isotope radioactif de l’hydrogène de courte période (12,26 ans) se trouve en très faible quantité dans la nature, d’où la nécessité d’en fabriquer, en grandes quantités en faisant réagir les neutrons avec le fluide caloporteur, du lithium en l’occurrence. Puis il faudra l’extraire, le stocker avant de l’injecter dans l’enceinte en fonction des besoins.
Pour un réacteur de 1000 MW, 15 à 20 kg de tritium seront nécessaires pour 2 à 3000 heures de fonctionnement (20 kg de tritium représentent une activité de 200 millions de curies soit 7,4.1018 Bq – des milliards de milliards de Bq). L’installation va donc être contaminée par le tritium, car ce radioélément, tout comme l’hydrogène dont il a les mêmes propriétés physico-chimiques, diffuse facilement à travers les métaux et n’est pas du tout inoffensif pour la santé contrairement aux discours traditionnels. Le second est que les neutrons doivent traverser la structure de la chambre de combustion si on veut espérer récupérer de l’énergie. Ces neutrons vont activer les matériaux, créant de très importantes quantités de radioéléments de période plus ou moins longue. Sur le plan de la radioactivité, ces réacteurs, si un jour ils fonctionnent, n’auront rien à envier aux réacteurs à fission.
De plus, chaque année une portion de l’enceinte, circuits magnétiques compris devra être changée en raison l’usure très rapide (environ 5 cm par an,) de sa paroi intérieure et constituera un volume important de déchets de très haute activité, de durée de vie plus ou moins longue. En résumé, ce type de réacteur, présenté par ses promoteurs comme écologique (!), sans déchets radioactifs (pas de « cendres » contenant des produits de fission) va produire une nuisance radioactive au moins égale, si ce n’est plus importante, que les réacteurs actuels. Comprenons bien qu’il s’agit de la description futuriste d’un réacteur.
En effet, pour le moment les machines (Jet Tore Supra et même Iter) ne sont pas des réacteurs et l’on n’a jamais employé de tritium dans ces appareils de recherche sauf dans le Jet, au dernier moment juste avant de l’arrêter définitivement. La raison en est la radioactivité. Il est en effet impossible de changer les paramètres et de faire des recherches avec un appareil où du tritium aurait été injecté. Sa radioactivité et l’activation des matériaux de structure par les neutrons produits interdisent les accès pour manipulations et ce sont des robots qui feraient la maintenance. Or, Iter comme ses prédécesseurs est un outil de recherche, pas un réacteur destiné à fournir de l’électricité.
Raymond Sené
(Pour en savoir plus, cf La Gazette nucléaire et le site http://resosol.org)