Le pire n’est pas toujours certain
Vingt cinq morts par noyade en juin à Draguignan et son pays. Le pire n’est jamais sûr. La Dracénie n’avait pas connu pareille inondation depuis le 19ème siècle. 1827-2010 : 183 ans entre deux catastrophes majeures, c’est à la fois beaucoup à échelle d’homme et peu à celle d’un cycle naturel. En 2193, combien de morts entraînera la prochaine crue de la Nartuby si l’urbanisation intensive du Var se poursuit au rythme actuel ? Une quasi certitude : la plupart des commentateurs afficheront leur surprise devant l’ampleur des dégâts. Car l’auteur de cet édito et ses lecteurs auront tous disparu depuis longtemps. Comme les élus en charge, aujourd’hui, des politiques qui auront, demain, des conséquences majeures pour les générations futures.
Deux ans à travailler en plus pour pouvoir prétendre prendre sa retraite. Le pire n’est jamais sûr. Le gouvernement a donc choisi de s’attaquer à un symbole social fort pour « sauver » le régime par répartition. Deux ans, ce n’est pas rien à l’échelle d’une vie. Tout sonne faux dans cette réforme lancée, comme il se doit, juste avant la pause estivale. Reculer l’âge légal, comme allonger la durée de cotisation, aura des effets inverses à ceux recherchés : augmenter le chômage des jeunes, donc diminuer leurs contributions pour les retraites, donc creuser le déficit que l’on cherche à combler. Et ce n’est qu’un exemple…
Même si ne rien faire risque d’être une catastrophe, se mobiliser pour défendre ses droits à la retraite dans 10, 20, 30 ou 40 ans, n’est pas très naturel. Surtout lorsqu’on est au chômage, titulaire d’un CDD ou salarié en CDI mais sans beaucoup de certitudes sur son proche avenir. Beaucoup de monde en définitive. Le système par « répartition » repose sur une idée généreuse : on ne cotise pas pour soi-même comme avec une assurance, mais pour les autres qui cotiseront à leur tour pour nous dans le futur. Un pari sur l’avenir, un pacte intergénérationnel, une démarche solidaire… Cela fonctionne. Cela fonctionnera si l’on en a la volonté politique. Le pire n’est pas toujours certain. Nous ne sommes pas forcément condamnés à boire la tasse.
le Ravi