La Varappe, la holding qui grimpe, qui grimpe

octobre 2011
Le groupe d’entreprises d’insertion, joyeux mixte d’argent public et privé, du « libéral-communiste » Laurent Laïk ne connaît pas la crise…

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Avec un chiffre d’affaires de 12 millions d’euros en 2010, La Varappe croît plus vite que son ombre. Le groupe, géré sous forme d’association loi 1901, chapeaute aujourd’hui une douzaine d’entités, dont il est difficile d’appréhender les formes juridiques. En 1992, Laurent Laïk a 22 ans quand on lui propose de diriger l’association communale. Une belle opportunité que le fils de l’adjoint au maire PCF d’Aubagne, Gérard Laïk, peut difficilement refuser. En sus, le magnifique terrain et les locaux d’Emmaüs mis gratuitement à disposition, puis cédés en 2005 au prix des domaines par la ville, soit 302 000 euros.

La Varappe démarre sous la forme d’association d’insertion spécialisée dans les travaux de maçonnerie et de jardinage, bénéficiant à ce titre de nombreuses aides publiques. En 2001, la « Varappe bâtiments et jardins » devient une société à responsabilité limitée avec un capital de 99 000 euros, mais le groupe La Varappe, toujours géré sous forme associative, continue de recevoir de gros coups de pouce sous la forme de subventions et de conventions d’objectifs, et de décrocher de nombreux marchés publics.

Le groupe s’appuie également sur l’association Evolio, créée en 1998 à la Ciotat, pour développer des chantiers d’insertion. Quelques exemples des subventions accordées par l’agglomération d’Aubagne : en 2005, elle accorde 84 000 euros à Evolio et 102 000 à La Varappe ; en 2008, elle débloque pour chacune des associations 130 000 euros ; en 2009, elle leur verse encore 140 000 et 130 000 euros… La Varappe est retenue pour la gestion de déchetteries de l’agglo et de Peypin, ou encore pour l’agrandissement de l’aire des gens du voyage (200 000 euros) puis pour sa gestion (plus de 200 000 euros)…

En 1999, Eureka, un groupe d’agences de travail temporaire comptant cinq antennes, se greffe à la structure sous forme de SARL avec un capital de 52 000 euros. En 2003, Laurent Laïk monte la SARL Meteor LK, dont le but officiel est le conseil pour les affaires. Optima est ensuite créée en 2008, avec le même but social, mais cette fois sous forme de société par actions simplifiées, avec un capital de 1 490 000 euros.

En 2009, la SARL Adisco, autre organisme de travail temporaire, voit le jour dotée d’un capital de 50 000 euros. Parallèlement, Laurent Laïk lance Solasyst, compétent pour la fourniture et la pose de systèmes solaires thermiques, photovoltaïques et pompes à chaleur. L’entreprise d’insertion Trio est aussi créée, une spécialiste des déchets.

La tentaculaire « association-entreprise » étend aussi sa toile dans l’événementiel, avec l’acquisition de la société Provence Découverte. Cette société coopérative d’intérêt collectif, créée en 2005, fut dirigée par Joël Personne, ancien président de la SAEMPA, la société d’économie mixte d’aménagement du territoire de l’Agglo d’Aubagne. La Varappe décline ses entités sous le nom LVD, pour La Varappe Développement, laquelle vous invite, pour la bonne cause, à faire des dons et bénéficier de réductions fiscales.

Félicité par Mme Parisot, présidente du Medef, soutenu par le groupe Vinci, Laurent Laik fait la quasi-unanimité auprès des édiles de gauche de la région aubagnaise. De quoi nous éclairer sur son identité revendiquée « libérale-communiste » ? (La Provence, 3 avril 2011). Les élus d’opposition ont le champ libre. Sylvia Barthélémy, Parti radical, ne s’en prive pas : « Laurent Laïk est assis sur un tas d’or. Il sait parfaitement comment exploiter à son profit les dispositions légales visant à favoriser les entreprises d’insertion. Profiter de la précarité pour asseoir un tel empire financier est inacceptable. » Mélenchon ne dirait pas mieux !

Isabel Tivel

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