L’embonpoint gagne Paca
Une récente étude scientifique a de nouveau lancé le débat. La France deviendrait-elle obèse ? Suite à la médiatisation en juin de l’enquête Mona Lisa (1), les gros titres allaient bon train : « Un homme sur trois et une femme sur deux sont en surpoids ». Qu’on se rassure ! L’analyse portait sur 4800 patients tous âgés de 35 à 70 ans, répartis sur seulement trois zones géographiques : la Haute-Garonne, le Bas-Rhin et la région de Lille ! « C’est significatif », martèle le Dr Arveiler, épidémiologiste à l’université Louis Pasteur de Strasbourg. Pour prouver le sérieux de son étude, elle insiste : « Ces examens ont été faits par des professionnels de la santé selon un protocole précis. Les appareils de mesure étaient tous identiques. » Aussi sérieux soient-ils, les résultats placent les sudistes en bonne position. « Que ce soit chez l’homme ou chez la femme, cette prévalence (au surpoids et à l’obésité, ndlr*) est en moyenne plus faible dans le sud-est de la France (62 % à Toulouse contre 88 % à Lille chez les hommes et 42 % contre 54 % chez les femmes) », révèle le dossier. De là à faire des projections sur la situation en Provence… « A priori, si le gradient Nord – Sud est respecté, cette différence devrait également s’observer en Paca, suppose la chercheuse. Cela s’explique sans doute parce que vous avez plus de productions de fruits et légumes dans la région. » Ouf ! Paca serait donc épargné par les surcharges pondérales. « Ce n’est pas certain, rétorque le Dr Arveiler. Car Paca accueille bon nombre de personnes âgées qui viennent passer leur retraite. Or, les risques d’obésité augmentent avec l’âge. De plus le régime méditerranée tend à disparaître au profit d’un régime type fast food… »
Pas question de faire le yoyo entre calme et inquiétude ! Direction l’Observatoire régional de la santé (ORS) pour connaître la situation en Paca. « Nous nous appuyons sur trois études différentes pour apporter une analyse, précise Aurélie Bocquier, chargée d’étude. Il s’agit d’ObEpi de 2006, de la Décennale santé réalisée par l’INSEE en 2002/03 et notre propre enquête menée dans les maternelles de la région auprès de 3000 enfants de deux à trois ans. » Idem. Selon l’ORS, « la population adulte en Paca est moins touchée par les problèmes de poids que la moyenne des Français. » Non ! Non ! Ce n’est pas fini : « On note une évolution du nombre de personnes en surpoids ces dernières années ici comme ailleurs en France. Par exemple, ces chiffres ont progressé de 48 % entre 1997 et 2000. Et depuis, ça ne cesse d’augmenter de 6 à 8 % jusqu’en 2006 ! » Les plus jeunes seraient aussi les plus touchés : 10 % d’entre eux ont des problèmes de poids », juge la chargée de mission. Phénomène conséquent d’autant que les catégories socioprofessionnelles des parents joueraient un rôle. Un père ouvrier ? Pas de chance. Mère au foyer ? Pas de bol. Un quartier difficile et enclavé ? L’obésité vous guette…
Et dire qu’il faut relativiser toutes ces données… Pour cause : « Plus les gens sont gros, plus ils mentent sur leur poids. Plus ils sont petits, plus ils trichent sur leur taille », objecte le Dr Arveiler. Un commentaire qui prend toute son importance vu les méthodes employées pour les étude ObEpi et INSEE. « ObEpi se fait par voie postale, admet Aurélie Bocquier. La décennale santé, dont 3200 des personnes interrogées vivaient en Paca, en revanche a été réalisée à partir d’entretien en face à face ». Moins facile de mentir donc… Rien de tel qu’un examen en bonne et due forme devant le docteur. En attendant, reste à mettre en place des sérums de vérité durant les sondages santé !
Adèle Monlairjih