L’électricité verte se branche en Paca
Une coopérative Enercoop va voir le jour au premier semestre 2012 en Paca. Le principe est simple: l’entreprise de l’économie sociale et solidaire vous garantit que pour chaque kilowatt que vous utilisez elle achète ou produit autant d’énergie verte quelque part en France et à terme dans la région. Pour faire simple, l’énergie qu’utilise un client d’Enercoop est la même que celle de son voisin qui se fournit chez EDF ou Poweo mais Enercoop, contrairement à ses concurrents, s’engage à injecter dans le réseau la même quantité d’électricité issue des filières hydro-électriques, photovoltaïques ou éoliennes. « Notre action est en fait basée sur trois piliers, résume Julien Noé directeur adjoint et fondateur d’Enercooop. Je vends de l’électricité, j’en produis, je vends des services d’économie d’énergie. » Car l’entreprise n’est pas une grosse boîte surfant sur la vague du business vert. Elle mêle le changement de fournisseur d’énergie à une étude de performance. Ainsi, en région Rhône-Alpes où la coopérative est déjà en place, « un travail est organisé avec des structures partenaires dont on connaît la fiabilité de l’engagement et qui offrent un conseil. On estime à 20 % les économies qui peuvent être facilement réalisées » avance une des responsables de cette antenne régionale, Natacha Balaÿ. Fondée il y a un peu plus d’un an, la région Rhône-Alpes représente déjà un cinquième des dix mille clients, particuliers ou professionnels d’Enercoop. « La proximité favorise l’implantation, notamment dans le contact avec les entrepreneurs », poursuit cette même responsable.
L’entreprise a profité pleinement de la libéralisation du marché de l’énergie et de son corollaire, la fin du tarif unique. Enercoop facture 15 centimes le kilowatt-heure contre 11,5 pour « l’opérateur historique » soit un surcoût « de dix euros par mois en moyenne » selon Julien Noé. Un prix qui en fait tiquer certains comme, Christiane Marty, membre du conseil scientifique d’Attac. « Choisir l’option Enercoop n’est possible que pour des citoyens engagés et suffisamment aisés pour pouvoir se permettre un surcoût notable du poste électricité », déplore-t-elle. Ingénieure recherche chez EDF, elle considère que choisir Enercoop, c’est enterrer un peu plus le service public de l’énergie : « Le tarif unique reste un outil indispensable pour une (future) politique énergétique et sociale sous contrôle démocratique […] Dans le marché libéralisé, sa disparition serait la grande victoire pour nos adversaires et une nouvelle balle tirée sur le service public. » (1) Une critique dont se défend Enercoop. Julien Noé rappelle que le coût d’électricité n’inclut pas aujourd’hui la gestion des déchets du nucléaire et que le tarif pratiqué ne correspond donc pas à la réalité. « L’idée est à terme de répéter ce modèle au niveau local et de réunir élus, consommateurs, producteurs et associations dans une démarche de service public décentralisé », rappelle le site de la coopérative (2). A chacun de faire son choix.
Jean-Marie Leforestier