L’élection des dépités
Rien ne va plus. Enthousiasmés par les premières foulées de leur président, en short sous le soleil de la Côte d’Azur, ou dépités par la défaite de leur candidate, de c?ur ou de raison, les électeurs risquent d’aller aux urnes par simple inertie. S’ils se déplacent. Pourtant, rien ne va plus ! La roulette des grandes réformes, ou contre-réformes, s’apprête à tourner à toute vitesse. Les projets de loi vont se multiplier à un rythme soutenu sur les bancs de l’Assemblée nationale. Le choix des députés pour approuver ou combattre textes et orientations est donc déterminant. La déferlante bleue annoncée sera probablement au rendez-vous. Mais les suffrages exprimés conditionneront en partie le tsunami politique qui se dessine, ses recompositions d’appareils, ses orientations idéologiques. Une cuisine dont on peut ne pas apprécier la saveur mais bien utile à surveiller si on veut pouvoir passer à table sans craindre les crampes d’estomac.
Jouons encore. Présidentielles, législatives, bientôt municipales : on a beau être joueur, aimer les joutes verbales, le suspense des soirs d’élections, l’overdose n’est pas très loin. Nos élus, et ceux qui veulent l’être, prêtent trop souvent à la caricature. Mais nous avons, en définitive, le personnel politique que nous méritons. Pour faire bouger les lignes, pour que le vote ait du sens, pour que de nouvelles priorités émergent, pour que les alternances débouchent sur des alternatives, mieux vaut ne pas tout miser sur les honorables institutions de la démocratie représentative. Jouons encore ! Les idées doivent foisonner dans les associations, les syndicats – s’il en reste qui ne soient pas moribonds – et dans tous les autres collectifs – politiques, culturels – à inventer selon des formes encore inédites. Pour faire bouger la France d’après, il va falloir se lever tôt. Ou se coucher très tard…
le Ravi